N’ajoutons pas à l’arsenal répressif de l’Etat la vidéosurveillance pour contrôler les citoyens !

Suite à l’annonce du Maire de Lyon d’installer des caméras de vidéo-surveillance dans le 4e arrondissement, Alexandre CHEVALIER appelle à ce que la municipalité n’ajoute encore à l’arsenal répressif de l’Etat un moyen – si ce n’est potentiel au moins symbolique – de contrôle des citoyens, avec la vidéo-surveillance. Et encore moins dans le 4e arrondissement où les élus ont toujours refusé d’implanter des caméras fixes.

Depuis plusieurs années la France est traversée par des mouvements sociaux : Gilets jaunes, marches pour le Climat et aujourd’hui manifestations contre la réforme des retraites… Mais le gouvernement reste sourd à ces préoccupations, à ces revendications.

Le Peuple exprime sa colère, la seule réponse qui vient : la violence. Ce ne sont plus les délinquants qui génèrent de l’insécurité et de la violence mais ceux qui sont censés incarner l’ordre et la sécurité dans notre pays.
Rien ne justifie cette violence, ni d’ailleurs celle de certains concitoyens qui s’en sont pris aux symboles les plus locaux de l’Etat, dont notre mairie.

Aussi, la vidéo-surveillance ne sera d’aucune utilité pour atténuer la colère.
« Je m’inscris dans une longue tradition de la gauche républicaine qui préfère l’humain à la technologie, et qui se rangera toujours du côté de la colère du peuple quand l’Etat devient violent et répressif. »

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Monsieur le maire, chers collègues.

Je voudrais revenir, au nom du groupe Lyon en commun, sur le projet d’implantation de caméras de vidéo-surveillance fixes sur notre arrondissement, implantation annoncée par le maire de Lyon il a trois semaines déjà.

Il convient peut-être, avant cela, de souligner que si nos deux groupes politiques ne partagent pas la même vision, ni les mêmes convictions sur le sujet, nous n’en demeurons pas moins fidèles et loyaux à nos engagements réciproques qui nous permettent depuis bientôt 3 ans de construire à Lyon une majorité écologiste de gauche.

Une majorité composite qui permet à chaque groupe qui la constitue :
d’exprimer ses sensibilités,
d’affirmer sa singularité
et surtout d’opter pour le dissensus quand un consensus ne peut être trouvé.

Pour cela le groupe Lyon en commun est reconnaissant envers le groupe les écologistes.

Cela étant dit, depuis plusieurs années maintenant, la France est traversée par de puissants mouvements sociaux qui marquent à bien des égards, le retour des classes populaires sur la scène politique.

Je pense naturellement aux Gilets Jaunes, que seule une épidémie mondiale a réussi à faire taire.
Je pense aussi :
aux manifestations de 2016 contre la Loi Travail,
au Mouvement #MeToo,
aux marches pour le Climat depuis 2018
aux grèves et manifestations contre la réforme des retraites qui durent depuis 2019,
et à la mobilisation permanente des forces écologistes contre tous les projets qui constituent une prédation trop grande sur la nature.

Il n’aura échappé à personne que du côté du gouvernement et d’En Marche, auquel certains au sein de cette assemblée ont adhéré et continuent d’adhérer sans l’ombre d’une hésitation, le dialogue avec les forces populaires en présence dans ces mouvements n’a jamais eu lieu.

Oui il y’a eu des cahiers de doléances,
Oui il y a eu des rencontres, des concertations, et même des conventions citoyennes.
Mais personne n’est dupe et chacun sait qu’en fait de dialogue, il s’agissait à chaque fois d’opération de communication grossière, de marketing indigne de notre démocratie.

Et le Peuple continue d’exprimer sa colère.
La seule réponse qui vient alors, c’est la violence :
Les yeux crevés,
les mains arrachées,
des citoyens tabassés, humiliés, insultés.

Une situation qui s’aggrave et +qui génère dans la population une colère encore plus grande et un sentiment d’insécurité encore plus fort.

Et pour notre plus grand malheur, ce ne sont plus les loubards, les voyous ou les voleurs qui génèrent de l’insécurité et de la violence mais bien celles et ceux qui sont censés incarner l’ordre et la sécurité dans notre pays, du donneur d’ordre à son exécutant.

Oui, rien ne justifie la violence et nous pouvons collectivement nous désoler de l’usage disproportionné de la force qui a conduit certains de nos concitoyens à s’en prendre aux symboles les plus immédiats et les plus locaux de l’Etat.
Je pense bien entendu aux dégradations qu’a subi notre mairie.

Mais à ce moment de l’Histoire où nous nous trouvons,
Quand la démocratie pleine et entière telle que nous la connaissions depuis des décennies
tend à valider la domination d’une classe sur une autre,
tend à ignorer la parole du peuple au profit d’une quelconque idéologie
permet que l’on saccage la nature pour satisfaire quelques lobbys

Est-il nécessaire que nous, écologistes de gauche, nous soyons celles et ceux qui ajoutons encore à l’arsenal répressif un moyen – si ce n’est potentiel au moins symbolique – de contrôle des citoyens.

Faut-il que vous, cher Rémi Zinc, soyez ce maire écologiste qui aura installé sur notre arrondissement les toutes premières caméras de vidéosurveillance fixes ?

Faut-il vraiment que nous inscrivions cela à notre bilan politique ?

Personnellement je ne le crois pas et de chaque élu qui constitue le groupe Lyon en commun, aucune voix n’ira en soutien du déploiement ou de l’installation de tels dispositifs.
Je passe bien entendu sur l’efficacité toute discutable de ces dispositifs, comme l’atteste le dernier audit commandé par la Ville
Je passe également sur leur coût de fonctionnement en hausse permanente depuis 2015: plus de 760 000 euros en 2021 soit à peu près 12 équivalents temps plein sur une année.
Je passe enfin sur le symbole et le message qui serait adressé au gens si une telle décision était prise.

Pour conclure,
Je voudrais rappeler que sur ce sujet,
il n’y a pas de vérité et pas de mensonge,
mais bien des visions différentes,
des options philosophiques propres à chacun et qui parfois s’opposent

Pour ma part, je m’inscris dans une longue tradition de la gauche républicaine qui préfère l’humain à la technologie, et qui se rangera toujours du côté de la colère du peuple quand l’Etat devient violent et répressif.

Je vous remercie.