Situation étudiante

Adrien DRIOLI, conseiller municipal, invite la collectivité à se faire l’écho des revendications des étudiants et de la jeunesse et à les traduire dans l’action publique. Les événements récents mettent en exergue les conséquences dramatiques de la crise sanitaire et économique pour toute une classe d’âge. Pour y répondre, il prône notamment la création d’Assises de la jeunesse.
👉 voir la vidéo

Je vous remercie, Monsieur le Maire.
Chères Lyonnaises, Lyonnais,
Mes chers collègues,

Ce rapport concernant l’attribution de subventions de fonctionnement à des associations étudiantes pour l’organisation de leurs projets et d’événements pour 2021, inclus dans l’appel à projets Initiatives étudiantes, est pour nous, élus de Lyon en Commun, l’occasion de rappeler toute la place qu’ont les étudiants et les jeunes en formation plus largement dans notre société.
Les récents tragiques événements nous rappellent une fois de plus que les plus fragiles d’une société sont les premières victimes lorsqu’une crise apparaît.

La crise sanitaire que nous connaissons depuis presque une année a mis la loupe sur toutes les difficultés que connaissent actuellement les étudiants. Les conséquences de la crise sont en effet dramatiques pour toute une classe d’âge qui aujourd’hui manifeste pour montrer qu’elle existe et revendiquer un droit à l’avenir.

La crise sanitaire nous rappelle ainsi collectivement toutes sensibilités politiques confondues à l’ordre.
Car, oui, nous ne pouvons pas fermer les yeux comme de trop nombreux l’ont fait précédemment sur l’état d’existence, les conditions de vie des jeunes et des étudiants aujourd’hui. Cette crise amplifie et met en exergue des difficultés déjà existantes dans le passé. Souvenez-nous de cet étudiant qui, pour alerter l’opinion publique, s’est immolé par le feu en novembre 2019 à Lyon.

Des mesures à l’époque avaient été prises, la mise en place d’une ligne vocale pour signaler son mal-être, pendant que des étudiants criaient leur peur d’un avenir incertain, leur rage d’absence d’avenir dans une société qui les laisse depuis trop longtemps sur le bord du chemin. Et depuis ?

N’oublions pas, ceux qui ont osé cette réponse avaient quelques mois plus tôt diminué les APL des plus fragiles.
« 5 euros par mois, c’est pas énorme », comme l’ont affirmé plusieurs députés de la République en Marche.

Face à cette crise étudiante, Emmanuel MACRON ne prend toujours pas conscience de la situation. Certaines mesures viennent enfin répondre à l’urgence. Les repas à 1 euro au restaurant universitaire du CROUS durant la crise, et après ? Le recrutement de psychologues universitaires et la reprise des cours en TD pour les étudiants de première année ne vont que partiellement répondre au mal-être durant cette crise. L’urgence était de répondre aux conséquences.

Il vaut à présent s’attaquer aux causes, car mieux vaut prévenir que guérir. Audrey HÉNOCQUE le disait tout à l’heure et je l’indiquais également en Conseil d’arrondissement.
Non, nous ne pouvons pas accepter de laisser cette situation perdurer. Notre société doit s’interroger sur quelle place nous voulons donner à notre jeunesse, aux étudiants qui se forment, à tous les jeunes en formation ou en insertion sociale.

L’absence de statut social est très clairement une des principales causes de la peur en l’avenir des étudiants. La fin des jobs précaires durant la crise sanitaire les a littéralement jetés au bord du chemin d’une société déjà trop peu concernée par leur sort. Les augmentations sensibles des bourses depuis 20 ans n’ont fait que faire persister un système social à bout de souffle.

Oui, il nous faut prendre conscience qu’il existe une autre vision de l’existence des étudiants que celle des petits jobs précaires. Un seul chiffre en ce sens : moins de 40 %, c’est le taux de réussite aux examens des étudiants salariés à temps plein.

Face au refus présidentiel d’élargir le RSA à tous les jeunes de moins de 25 ans, des collectivités comme la Métropole de Lyon réagissent à la hauteur de leurs moyens. Il faudra poursuivre ces efforts en évaluant au plus vite la possibilité d’ouverture du RSA également aux étudiants.

Le refus présidentiel d’apporter des réponses aux étudiants est d’un cynisme éblouissant. Pire, Emmanuel MACRON pourrait tendre vers un développement des prêts aux étudiants pour répondre à leurs revendications. Prendre pour exemple le système américain, il fallait oser ! Offrir la détresse des étudiants aux banques, voilà la réponse du gouvernement En Marche.

Soyons persuadés que seule une véritable prise de conscience sur la nécessité de changer totalement le statut des étudiants pourra à long terme améliorer significativement leurs conditions d’études et d’existence. Le développement à tous les jeunes et le soutien de dispositifs d’insertion, tels que la garantie jeunes, sont à envisager au niveau national.

Pour terminer, plusieurs pistes locales existent :
– Développer le soutien aux structures venant en aide psychologique aux étudiants touchés par le mal-être. La Métropole de Lyon et la Ville de Lyon le font avec plusieurs dispositifs ;
– Poursuivre les permanences d’accueil d’écoute psychologique, proposées et mises en place par exemple à la Mairie du 1er arrondissement par David SOUVESTRE, notre cher collègue ;
– Soutenir le développement de l’aide alimentaire durant la crise par des subventions et des lieux de stockage ;
– Prendre en charge les étudiants à la rue ;
– Être proactif en identifiant et en mettant à dispositif du foncier pour permettre au CROUS de construire des logements étudiants ;
– Soutenir la gratuité des transports pour tous les étudiants, en commençant au plus vite par les étudiants boursiers et les étudiants étrangers ;
– Mettre en place des bureaux information jeunesse municipaux permettra de répondre aux besoins d’un public scolaire (collégiens, lycéens, étudiants) pour les accompagner dans leurs projets et leur insertion sociale. Certaines villes de la Métropole le font déjà ;
– Enfin, nous devons soutenir l’organisation d’Assises de la Jeunesse que la Ville de Lyon et la Métropole pourraient co-organiser pour entendre celles et ceux que nous n’entendons souvent que trop tardivement.

Je souhaite terminer en exprimant le total soutien des élus Lyon en Commun aux étudiants et à tous les jeunes qui se mobilisent et prennent leur avenir en main. Il est de notre responsabilité de faire écho à leurs revendications et de les traduire dans notre action publique.