Mise à disposition de notre patrimoine vacant pour lutter contre le sans-abrisme

Merci Monsieur le Maire,
Mes chers collègues,

Encore un été des records à Lyon…
Et ces records sont bien plus graves que celui du nombre de matchs perdus par l’Olympique Lyonnais…

Le premier record ? Nous avons connu la température la plus chaude jamais enregistrée depuis 2003, année qui avait elle-même battu celle de 1983.

Le second record ? Il est intolérable : 3 fois plus d’enfants à la rue que l’été dernier ont été recensés dans la Métropole de Lyon. Dans notre ville, c’est même 6 fois plus. Les effets de la crise économique sont malheureusement catastrophiques pour de nombreuses familles, avec des conséquences que nous ne connaissons que trop bien.

C’est pourquoi je me réjouis, au nom de nos 3 groupes, de voter cette délibération pour la mise à disposition de biens immobiliers municipaux destinés à l’hébergement d’urgence.
Je me réjouis également du fait que cette mise à disposition soit de longue durée.

Vous l’avez rappelé, Madame RUNEL, chère Sandrine, notre Ville a signé la déclaration des droits des personnes sans-abri. Elle porte également le dispositif « zéro enfant à la rue » que vous avez impulsé et que vous défendez, avec le CCAS et les acteurs du terrain.

Avec cette délibération, nous affirmons notre volonté d’accentuer notre action pour lutter contre le sans-abrisme. Encore mieux que de citer Michel Rocard ou encore le Pape, nous agissons !

Lors de l’hiver 2020/2021 nous avons mis à disposition près de 250 places, via la mobilisation de l’auberge de jeunesse vide à cause du COVID et de l’hôtel social Riboud démoli depuis.
Nous avons également créé 130 places pour les mineurs non accompagnés en recours.
Aujourd’hui avec ces 13 biens, une quarantaine de personnes, majoritairement des familles avec enfants pourront bénéficier d’un hébergement d’urgence.

Et nous y parvenons parce qu’il s’agit d’un travail d’équipe. Avec vous-même, Monsieur Sylvain GODINOT, avec le CCAS et les acteurs du terrain. Je n’oublie pas les nombreux élus d’arrondissement très engagés sur cette question majeure.

Nous tenons à remercier tout particulièrement le travail d’inventaire mené par la Direction Centrale de l’Immobilier pour traquer la vacance. Cet inventaire poussé a permis d’identifier ces appartements vides depuis 5 ou 10 ans dans l’attente d’une démolition ou d’un projet, jamais réalisés.

Si seulement nous parvenions à faire ce même travail d’équipe avec l’État, responsable en matière d’hébergement d’urgence !
Si seulement l’État respectait ses obligations !
Non content de ne pas les respecter, il les piétine.

Les projets de loi de finance de 2022 prévoyaient la suppression de 14 000 places d’hébergement d’urgence en hôtels en 2022 et 2023. Pour toute réponse aux vives réactions, le cabinet d’Olivier Klein, ancien ministre délégué à la Ville et au Logement, avait estimé devant la presse que le nombre de places restait, je cite, « particulièrement élevé ».
Il aura fallu une vaste mobilisation d’élus, dont vous Monsieur le Maire et je vous en remercie, d’associations ou encore de collectifs pour que le gouvernement renonce à cette mesure.
Dès lors, M. Klein a eu l’audace de dire, je cite, « Dans la situation actuelle, ça nous a paru important d’avoir cette prise en compte de la situation ». Avant l’été, il a même réaffirmé l’engagement du gouvernement, je cite encore : « Notre priorité est claire : zéro enfant à la rue ! ».
Malgré cette volte-face orale, nous avons tout intérêt à nous assurer que cette promesse ne disparaisse pas dans le cadre du prochain projet de loi de finance.

Il est intolérable qu’en France, dans la « patrie des droits de l’homme » (mais peut-on encore l’appeler ainsi ?), les situations de sans-abrisme augmentent.
Elles portent atteinte à un droit fondamental, le droit au logement, qui pour rappel, est reconnu par la Déclaration universelle des droits de l’homme, par la Convention internationale des droits de l’enfant, par le Préambule de la Constitution française et par la loi.

Aussi, nous prenons notre part pour faire respecter ce Droit, c’est une évidence pour nos 3 groupes de la majorité.
Nous prenons même plus que notre part. Notre mobilisation et notre action vont bien au-delà de nos compétences.
Lorsque nous désignons Lyon comme une ville humaniste, accueillante et solidaire, il ne s’agit pas d’un slogan publicitaire mais du cap politique que nous nous sommes fixés.

Vous l’aurez compris, nos 3 groupes voteront très favorablement cette délibération.

Et je ne doute pas une seconde, mes chers collègues de l’opposition, que vous y serez également favorables. Malgré nos divergences de vue sur un certain nombre de sujets, pour ne pas dire sur un nombre certain de sujets, je suis… certain que nous partageons le principe du respect de la dignité humaine.

Je vous remercie,