Le débat politique doit rester un espace de confrontation d’idées. Visionnez le discours de David Souvestre, président de Lyon en Commun

Monsieur le Maire, Mesdames, messieurs, Cher.e.s collègues,

C’est avec une certaine émotion que je prends la parole aujourd’hui, dans cette assemblée reconfigurée, car je souhaite, au nom de tous les élus de mon groupe, et même au-delà, rendre hommage à l’action de Nathalie PERRIN-GILBERT au sein de notre majorité.

Je précise « au-delà », car les nombreux messages de remerciements et de soutien qu’elle a reçu, ces derniers jours, témoignent, bien au-delà de notre seul groupe, d’une reconnaissance sincère, car forcément désintéressée désormais, pour tout le travail qu’elle a accompli.

Une femme politique engagée, passionnée, amoureuse inconditionnelle de sa ville, qui a mis toute son énergie, ces quatre dernières années, à faire rayonner la culture à Lyon, et qui doit aujourd’hui passer le flambeau, avec un triste sentiment d’inachevé.

C’est votre décision, M. le Maire, de rebattre les cartes, pour placer, nous l’espérons, une adjointe qui saura défendre avec autant de convictions, avec autant d’ardeur, les artistes, les projets, les lieux culturels et toutes celles et ceux qui les font vivre.

Lyon est une ville de culture, dont le patrimoine artistique, architectural et historique, est intimement lié à l’histoire des Lyonnaises et des Lyonnais, et doit pouvoir leur rester accessible sans distinction de classe sociale, d’âge ou d’origine.

Ses musées, ses salles de spectacle, ses bibliothèques, ses conservatoires sont autant de lieux où bat le cœur de notre ville.

Lyon est une ville qui brille, par la vitalité et la diversité de ses acteurs, dont l’énergie créatrice permet de mettre en lumière toutes sortes d’expression artistique qui émeuvent, élèvent, dérangent, font rire ou pleurer, qui sont ce ferment d’une culture au sens large, qui créé des liens et contribue à faire société.

Chère Nathalie, ces convictions profondes, ancrées chez vous, vous ont amenée, en tant qu’Adjointe à la Culture, à tenir des positions qui n’ont pas toujours fait l’unanimité, je pense notamment au musée Guimet, au jet de soupe sur nos œuvres d’art ou encore très récemment avec le Conservatoire.

Ces convictions, disais-je, n’ont jamais eu d’autres finalités, que de protéger notre Ville, son patrimoine, ses agents, et au final la capacité d’agir et de conduire, des politiques culturelles ambitieuses et volontaristes.

Mesdames, Messieurs, cher.e.s collègues,

Malgré les critiques régulières, distillées à l’encontre notre élue, la dépeignant tantôt comme une brute épaisse, tantôt comme une opportuniste, ne roulant que pour elle-même, nous tenons, nous, à saluer le courage d’une femme libre et d’une femme forte de sa liberté, qui ne s’est jamais laissé dicter ce qu’elle devait dire ou penser. Ni par un parti, ni par une soif aveugle du pouvoir, ni par qui que ce soit d’ailleurs.

Cet engagement et cette résistance ont un prix : en l’occurrence, aujourd’hui, celui de la destitution

Nathalie Perrin-Gilbert est aujourd’hui, après Victoire GOUST, après Florence DELAUNAY, la troisième femme à devoir quitter cet exécutif. Nous en profitons pour adresser un salut fraternel, à Véronique DUBOIS-BERTRAND, qui connaitra un sort similaire, dans le 3ème arrondissement.

Aussi, mes cher.e.s collègues, en dépit des avancées indéniables, de notre majorité, en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes, un plafond de verre semble, malgré tout, infranchissable, pour les femmes en politique.

Alors qu’un homme, fusse-t-il de caractère, qui sait résister face à l’adversité, tenir des positions, qui sait construire de la pensée et du mouvement politique au-dessus des partis, à la carrure d’un meneur d’homme, d’un libre-penseur, d’un visionnaire…

Force est de constater qu’une femme, comme Nathalie PERRIN-GILBERT, qui suit la ligne qu’elle s’est toujours fixée, avec exigence et rigueur, devient quant à elle incontrôlable, carriériste, autoritaire…

Car malheureusement nous ne pouvons que constater que c’est bien sa liberté de parole, sa liberté de ton qui dérange.

Et cette question fondamentale du droit pour une femme, d’assumer ses choix et son indépendance d’esprit, sans avoir à s’inquiéter que sa personnalité et son individualité soient mises en cause, reste posée !

Nathalie Perrin-Gilbert n’est pas destituée parce qu’elle aurait failli à sa mission, ou qu’elle manquerait de compétences

Mais parce qu’elle avance, sûre d’elle, et de la vision qu’elle porte pour Lyon :

Fidèle à notre plan de mandat,

fidèle à sa feuille de route approuvée par notre majorité,

fidèle aux engagements qu’elle a pris devant les électrices et les électeurs de défendre, coûte que coûte, les biens communs.

Nathalie PERRIN GILBERT est aussi une femme politique d’expérience.

Entrée en politique sous l’aile d’un mentor puissant, Gérard Collomb dont on peut saluer la mémoire, elle a d’abord l’insolence, dès le début de son mandat, de ne pas lui faire preuve d’allégeance ad vitam aeternam.

Elle choisit plutôt de se faire confiance, de défendre ses idées et de mener les combats qui lui semblent justes.

Une faute originelle, presque impardonnable, qui laisse manifestement sur elle une empreinte indélébile.

Plus tard, elle s’émancipe des directives partisanes dictées à Paris, pour replacer Lyon au cœur de sa réflexion.

Prête à construire autant que défendre une gauche municipaliste, en mouvement, qui s’ouvre aux sensibilités, en se tenant loin des dogmes et des consignes, avec d’autres, elle crée Lyon en Commun.

Un vivier de la gauche lyonnaise, avant tout citoyenne, et soutenue par nombre de petits partis, qui ne trouvent pas grâce aux yeux des autres, et dans lequel nous avons l’habitude que des têtes dépassent, où les divergences s’expriment, s’entendent et se comprennent.

Une gauche qui revendique Lyon comme valeur commune, une gauche à la lyonnaise, humaniste et progressiste, mais aussi une gauche évidement écologique, sociale et solidaire. Une gauche qui ne s’interdira jamais d’écouter, d’échanger, de débattre, avec toutes celles et ceux, qui cherchent à œuvrer pour les biens communs.

Notre Ville, Notre majorité, se doit de se rappeler que le débat politique, doit rester un espace de confrontation d’idées, et ne doit pas devenir un champ de bataille pour des attaques purement personnelles.

Notre majorité se doit aussi de se rappeler, que si nous pouvons être concurrents, devant les électrices et les électeurs, ou dans le cœur des Lyonnais et des Lyonnaises, nous ne sommes jamais des adversaires.

En tant qu’alliés, nous devons tout faire pour nous enrichir de nos différences, car personne, à lui seul, ne détient jamais l’entière vérité.

C’est en valorisant les contributions de chacun, et en respectant toutes les voix, même les voix dissensuelles, que nous pourrons répondre aux défis qui se tiennent devant nous.

Aussi mes cher.e.s collègues de la majorité, si votre intention est toujours de faire de la politique autrement, selon votre leitmotiv, merci donc à vous, de ne jamais oublier l’importance, pour chacun d’entre nous, de pouvoir prendre la parole librement, sans se soucier de la foudre qui pourrait nous frapper.

Monsieur le Maire,

Notre groupe, Lyon en commun, vous le savez, reste pleinement engagé dans la majorité, conscient de la responsabilité qui nous incombe, soucieux de préserver cette diversité qui a fait notre force, et qui a permis de construire ensemble, une réponse aux attentes des Lyonnaises et des Lyonnais.

Pour autant, nous n’aurons pas le petit doigt sur la couture du pantalon !

Ce n’est pas notre façon de faire, ce n’est pas notre culture.

Nous resterons attentifs et exigeants, en affirmant bien fort, que cette liberté de ton, cette liberté de parole, cette liberté de vote ne doit pas être interprétée, par vous, comme un affront.

Car bien au contraire, c’est la preuve de notre engagement

Aussi, ne soyez-pas meurtri, lorsque tout à l’heure, notre groupe s’abstiendra sur la délibération concernant la piscine du Lou.

Nous reconnaissons tout l’intérêt, pour les Lyonnaises et les Lyonnais, de bénéficier enfin, d’une piscine dans le 7ème arrondissement, avec une tarification somme toute raisonnable.

Cependant, le sens de notre abstention, est d’alerter sur la précarité du service public lorsqu’il doit s’adosser à des intérêts privés.

Certes, dans le cadre de cet équipement, nous héritons d’une situation, mais nous marquons ici notre vigilance, quant au devenir de nos équipements publics, qui pourraient, à l’avenir, subir le même sort que la piscine de Gerland.

Vous comprendrez aussi, je l’espère, Monsieur le Maire, que nous voterons contre la présente délibération, que nous ressentons comme une profonde injustice.

Envers notre élue, envers notre groupe politique et envers les Lyonnaises et les Lyonnais qui se sont exprimés lors des dernières élections.

Et parce qu’elle intervient, après un épisode, on ne peut plus contestable au sein du Conservatoire de Lyon.

« Si c’est vrai, c‘est dans le Progrès » dit l’adage lyonnais.

Je vous invite à lire l’enquête fouillée, parue le week-end dernier, dans ce journal patrimonial de Lyon.

Il ne manquera pas de vous éclairer sur toutes les zones d’ombre de cette affaire, et qui auraient, selon nous, justifiées. votre soutien et votre confiance, plutôt que votre désaveu.

Pour conclure, chère Nathalie, aujourd’hui, et plus que jamais, nous sommes fiers de siéger, dans cette assemblée, à vos côtés !

Et au nom de notre groupe, Lyon en Commun, merci pour votre travail, merci pour votre constance, merci pour votre action politique au service des Lyonnaises et des Lyonnais, que vous connaissez si bien.

Vous incarnez, plus que jamais, la gauche à la Lyonnaise et nous savons bien, que même sans délégation, votre parole ciselée sera très largement écoutée et appréciée !

Je vous remercie.