Transfert d’équipements aux mairies d’arrondissement : être au plus près des réalités des habitants

Laurent BOSETTI salue le transfert d’équipements de proximité de la Mairie centrale vers les mairies d’arrondissement.

Alors que depuis 20 ans, les équipements de proximité étaient gérés de manière centralisée, les arrondissements retrouvent peu à peu leurs prérogatives de gestion de ces équipements.

Il faut maintenant poursuivre la dynamique engagée. Pour faire vivre la démocratie locale.
Pour être au plus près des réalités des citoyens.

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Chères collègues,

Nous avons commémoré la semaine dernière les 40 ans de l’arrivée au pouvoir de l’Union de la gauche et, à l’époque, l’adoption du « programme commun ». Tout cela peut paraître bien loin de notre conseil d’arrondissement. Pourtant, derrière ce rapport un peu technique de l’inventaire des équipements de proximité se cache une très belle histoire, celle des grandes lois de décentralisation qui marquèrent la vie institutionnelle de notre pays en 1982.

Cette année-là, Paris Lyon Marseille se voyaient reconnaître un statut spécifique, qui permettait aux trois plus grandes villes de France de disposer d’une architecture institutionnelle particulière, avec une mairie centrale et des mairies d’arrondissement.

A Lyon, les électeurs désignent ainsi, depuis 1983, 73 élus municipaux mais aussi 221 élus d’arrondissement, garants d’un lien de proximité avec les Lyonnaises et les Lyonnais. Ces 221 élus disposent de prérogatives particulières qui correspondent à leur ancrage de terrain. Ils administrent les équipements dits « de proximité » dans leurs arrondissements respectifs, ce qui n’est pas rien sur des territoires qui comptent entre 30.000 à 100.000 habitants. Ils se font le relais des besoins des usagers au sein de ces services publics du quotidien : petits travaux, partage des créneaux horaires, règles d’utilisation, développement de nouveaux usages…

Tout le monde comprend bien qu’un élu central, qui est là pour impulser des orientations stratégiques à l’hôtel de ville, ne peut pas suivre finement la vie de plus 200 écoles ou de plus de 150 crèches, dans toutes leurs problématiques du quotidien. Il en va de même pour les centaines de gymnases, terrains de sport, salle des fêtes, salles associatives, bibliothèques de quartier, squares et aires de jeux qui composent notre ville. En cela, l’apport des élus d’arrondissement, le maillage territorial qu’ils assurent, constitue une richesse évidente pour accompagner la bonne marche de nos services publics, en l’adaptant aux besoins de chaque territoire, aux besoins des usagers, qu’ils soient parents d’élèves, associations, clubs sportifs…

Cette évidence, il aura quand même fallu quelqu’un pour s’y opposer, ici à Lyon, pendant près de 20 ans, en mettant méthodiquement les arrondissements sous cloche. Quelqu’un qui ne voulait ni partager le pouvoir avec ses propres partenaires, ni reconnaître à ses opposants les droits qui étaient pourtant les leurs. Quelqu’un qui répétait pourtant à l’envie aux ministres parisiens successifs que l’Etat jacobin devait faire confiance aux collectivités, déléguer des pouvoirs aux élus locaux, mais qui refusait en son propre royaume d’appliquer ce principe de subsidiarité aux arrondissements.

C’est ainsi qu’à Lyon, les équipements de proximité furent réduits à peau de chagrin. Adieu écoles, bibliothèques, piscines de quartier, MJC et centres sociaux… La mairie centrale conservait sous son autorité une très grande partie des équipements normalement gérés de droit par les arrondissements. Une forme de centralisme démocratique des temps modernes. Pire, la fameuse commission mixte, chargé de débattre démocratiquement de la vie de ces équipements, était elle aussi bâillonnée quinze années durant. Entre Rhône et Saône, on en avait presque oublié la loi de 1982 et les vertus d’une gestion déconcentrée.

Mais l’Histoire est malicieuse. Le seigneur local ne savait pas que cette gestion solitaire du pouvoir allait, c’est l’ironie du destin, entraîner sa chute. D’abord en le fragilisant face à ses opposants. La mairie du 1er arrondissement, à travers un recours de Madame Perrin-Gilbert en 2017, attaquait notre homme au tribunal administratif, mettant en évidence une gestion confiscatoire, confirmée deux ans après par la chambre régionale des comptes. Las de ses dérives autoritaires, sa propre majorité allait à son tour, un peu plus tard, se détourner de lui et provoquer un schisme historique, entrainant la chute d’un empire que certains croyaient pourtant indépassable. Vous connaissez la suite. Vous êtes là.

Chers collègues élus, nous sommes ce soir rassemblés pour délibérer de l’inventaire des équipements de proximité. Ce qui est un exercice démocratique normal à Paris et à Marseille, avec une délibération cadre mise à jour chaque année, ne l’était pas à Lyon il y a encore deux ans. Le privilège dont nous bénéficions ce soir est, bien sûr, l’héritage d’une bataille politique sous le précédent mandat. Mais c’est aussi et surtout une nouvelle dynamique impulsée par notre majorité qui a fait de la reconnaissance des arrondissements, et des élus de proximité, une pièce maîtresse de son plan de mandat.

A ce titre, nous pouvons nous féliciter d’ores et déjà de la traduction de nos intentions politiques en actions concrètes. Nous tenons régulièrement depuis septembre dernier des conférences des maires d’arrondissement. Nous avons construit la programmation pluriannuelle d’investissement en lien étroit avec les mairies d’arrondissement. Nous avons réhabilité les commissions mixtes en charge d’organiser la vie des équipements de proximité. Nous mettons enfin à jour l’inventaire des équipements de proximité en attribuant, dès cette année, 46 équipements de plus aux 9 arrondissements. Je salue à ce titre l’intégration de la Maison Grignard dans notre inventaire du 7e arrondissement et le beau projet social porté par Caroline Ramirez, sur lequel nous aurons l’occasion de revenir plus longuement.

Mais le chemin de la régularisation est encore long. Nous avons commencé cette année par les salles associatives et quelques irritants réclamés par les maires d’arrondissement. C’est un premier pas encourageant. Il nous faut maintenant poursuivre la dynamique engagée. Demain, les bibliothèques, les écoles, les espaces de loisirs, les équipements socio-culturels… Tout cela nécessite un travail conséquent de l’administration. Nous allons l’échelonner dans le temps. Paris ce n’est pas faite en un seul jour. Gageons par conséquent qu’il nous faudra aussi un peu de temps, ici à Lyon.

Madame la Maire, vous pouvez compter sur nous. Notre groupe « Lyon en commun », fort de 30 élus dans les 9 arrondissements, sera dans l’accompagnement actif de ce processus d’amélioration continu, plus en proximité avec les besoins de chaque arrondissement. Nous adopterons ce premier inventaire avec enthousiasme en espérant qu’il en appelle très prochainement d’autres, élargis à de nouveaux équipements. Pour faire vivre la démocratie locale. Pour être au plus près des réalités des citoyens. Nous voterons favorablement, très favorablement ce rapport. Merci de votre attention.