Nous, élus, devons défendre l’exigence démocratique et résister aux attaques qui la menacent

Pour Nathalie PERRIN-GILBERT, le besoin de sécurité de la citoyenneté, de tous, ne se résume pas à celle des biens et des personnes. Elle englobe les sécurités environnementale, sociale, sociétale.

Réduire la sécurité à celle des biens et des personnes, alimenter les peurs, les étendre est dangereux et oppose les habitants les uns aux autres.
Cet affaiblissement du politique, cette confusion des idéaux, rythment l’abstention et ont amené à l’Assemblée Nationale 89 députés d’extrême droite. Pour les combattre, il faut être situés !

Être politiquement situé est un rempart, c’est à cette condition qu’un dialogue constructif est possible. C’est le sens de la représentativité qui est à restaurer, et non à contourner en diluant la prise de décision politique et en la déléguant.

En tant qu’élus, le combat doit être celui de l’exigence démocratique, de la résistance aux attaques qui la menacent.

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Il y a trois semaines, nous étions saisis par l’annonce d’une fusillade à la Duchère.
A notre juste place, nous partageons le chagrin des familles et de leurs amis, le désarroi des citoyens, des acteurs associatifs, des services publics présents dans ce quartier.
Mais à notre place, nous avons un devoir : celui de tenir à distance les tentations délétères, les glissements sémantiques et les errements de la pensée politique.

Notre citoyenneté, nous tous, chacun a un besoin de sécurité. De cette sécurité essentielle, des biens et des personnes, sur l’ensemble de notre territoire. Cette sécurité dont l’Etat a la compétence régalienne. Qu’il doit évidemment exercer en bonne intelligence avec les collectivités territoriales et qu’il doit préserver aussi de potentielles dérives locales.
Mais il est, non pas trop simple, mais si dangereux de réduire à cette sécurité première, celle des biens et des personnes, l’ensemble des sécurités dont chacun a le besoin. Si dangereux et si lamentable d’alimenter les peurs, de veiller à les étendre voire à les raviver aux endroits et aux moments où elles peuvent apparaître, à certains, politiquement utiles.
Un responsable politique digne de ce nom peut-il sincèrement penser qu’en opposant les habitants de notre territoire les uns aux autres, nous avancerons vers la société apaisée à laquelle chacun aspire ? Tout nous indique le contraire.

Tout nous indique aussi que le besoin de sécurité englobe les sécurités environnementale, sociale, sociétale ; celles-ci sont interdépendantes et contribuer au bien-être social ne se fera jamais au détriment de l’une d’entre elles.

Nous sortons de deux périodes successives de déclaration de l’état d’urgence. Pour le dire autrement, trois des six dernières années écoulées se sont déroulées dans un état d’urgence proclamé.
État d’urgence sécuritaire tout d’abord au lendemain des attentats de 2015. Puis, face à la pandémie de Covid, état d’urgence sanitaire. De ce dernier, déclaré pour la « sécurité sanitaire » des Français, au cours duquel les citoyens ont été « sécurisés » contre leurs propres libertés publiques -de circulation, d’accès aux lieux de culture- la citoyenneté sort fragilisée, révélant des situations de détresse sociale et psychologique, adultes et enfants confondus, dont les structures spécialisées ne cessent de décrire les méfaits, de comptabiliser les records.

Croyons-nous sincèrement que nous allons réparer, réconcilier, reconstruire en participant de cet affaiblissement du politique, de cette confusion des idéaux, de cette lâcheté opportuniste de la pensée, qui rythme l’abstention et amène à notre Assemblée Nationale quatre-vingt-neuf députés d’extrême droite ?
À l’heure où le nouveau visage de notre Assemblée Nationale nous renvoie le bilan du « ni droite ni gauche », à l’heure où les digues sautent à force de confusion des idées et des glissements sémantiques, soyons courageux ! Soyons situés !

Chaque individu est situé, dans son époque, dans son lieu d’expression. Ce qui est une réalité de chacun est, pour une personnalité politique, un devoir.
Être politiquement situé n’est pas un danger. Nous le voyons, c’est un rempart. Ce n’est pas, non plus un obstacle. Au contraire, c’est à cette condition que le dialogue respectueux et constructif est possible. Le monde du travail dans sa dynamique de négociation et sa place réservée aux corps intermédiaires, quand il fonctionne bien, fonctionne ainsi.
C’est tout le sens de la représentativité qui est aujourd’hui à restaurer si fortement. Et non à contourner en diluant la prise de décision politique et en la déléguant.

Partie prenante de la majorité et de votre exécutif Monsieur le Maire, les élus du groupe Lyon en Commun voteront l’ensemble des projets de délibération que vous soumettrez à notre conseil durant ces quelques douze heures de séance. L’ensemble des projets de délibération sauf deux, précisément pour les raisons que je viens d’aborder précédemment.
Ainsi, nous nous abstiendrons sur le projet de délibération concernant la vidéo-verbalisation parce que derrière une réponse apparemment technique se pose la question politique de savoir quelle société nous souhaitons co-construire. A cette question, nous répondrons toujours une société de liberté contre une société de surveillance. Et cela n’est pas par manque de prise de conscience de l’importance, tant en degré qu’en volume, des questions de sécurité.

De la même manière, nous nous abstiendrons sur le projet de délibération instituant la société publique locale des mobilités, qui prévoit dans son conseil d’administration la présence d’un élu de notre assemblée pour représenter 550 000 Lyonnaises et Lyonnais. Nous n’affaiblirons pas davantage la démocratie représentative en la déléguant à des organismes qui ne vont ni débattre ni rendre compte et qui contribueront encore à éloigner la citoyenneté du lieu de la décision et donc des rendez-vous démocratiques.
Cautionner ces délégations de la décision politique, ces prétendues technicisations de la chose publique, c’est affaiblir la fonction politique, c’est alimenter la confusion, c’est profondément manquer à notre mission.

Ça n’est pas pour cela que nous avons été élus. Notre combat doit être celui de l’exigence démocratique, de la résistance constante à tous les dangers frontaux ou rampants qui la jalonnent, aux attaques assumées ou naïves qui la menacent.

C’est ce combat qui doit être collectivement le nôtre.
C’est ce combat que mène les élus de Lyon en Commun.
C’est ce combat qui sera toujours le mien.