Chers amis de l’opposition, la MIE Sécurité n’a pas accouché d’une coquille vide

Je tiens d’abord, Monsieur le Maire, à vous remercier de nous autoriser à nous exprimer librement sur cette Mission d’information et d’évaluation « Sécurité », comme sur tout autre sujet d’ailleurs au sein de cette Assemblée.

J’espère, mes chers collègues de l’opposition, que vous l’appréciez tout comme moi.

J’espère aussi que vous ne m’en voudrez pas de plagier certaines expressions ou d’utiliser certains propos que vous avez tenus lors de votre conférence de presse le mois dernier. J’ai été tellement impressionné par vos phrases choc qui ont été reprises bien à raison par les journalistes, que je n’ai pas pu m’empêcher de m’appuyer sur ces éléments de langage dans mon intervention.

Et fort heureusement nous ne sommes plus au temps de l’URSS. Vous ne seriez plus là pour nous régaler avec votre sens de la formule. Cette mission n’aurait d’ailleurs tout simplement pas existé.

Mais nous aussi, dans le doute d’être quand même encore au temps de l’URSS, nous nous sommes censurés en ne retenant pas votre proposition d’auditionner des Maires PS.
J’ose dire que je le regrette. Je suis sûr qu’ils avaient une connaissance parfaite de la situation lyonnaise.
Et ô horreur ! Nous avons reçu à la place M. Guillaume GORMAND, un chercheur avec tous les défauts : un Grenoblois, et de surcroît contre la vidéo-protection.

Étant plus que sceptique sur la vidéo-protection, j’emploie même le terme qu’il a utilisé, et pour ne pas être de mauvaise fois, j’ai relu la retranscription de son audition. Et voici ce que j’y ai trouvé. Je cite. « C’est un outil qui a un fort potentiel d’aide à l’intervention des forces de sécurité intérieure, des policiers municipaux sur le terrain. »
Moi aussi, j’en ai déduit que c’était un chercheur partial.

Quoiqu’il en soit, je le remercie de même que toutes les autres personnes auditionnées d’avoir consacré du temps à préparer leurs interventions, à répondre à nos questions et à nous recevoir dans le cadre des visites de terrain.

Je vous remercie également Monsieur l’Adjoint à la Sécurité, cher Mohamed, pour votre dialogue constant et constructif sur toutes les questions de sécurité et de tranquillité publique. Mes collègues de Lyon en Commun et moi-même saluons votre travail et votre engagement au service des Lyonnaises et des Lyonnais.

Chers collègues de l’opposition, je vous remercie également et chaleureusement d’avoir sollicité la création de cette mission. C’est grâce à vous que nous avons pu rencontrer tous ces experts.
Aussi, j’ai été chagriné que vous compariez la Mission à une « coquille vide », même si cette expression me plaît vraiment beaucoup dans l’absolu. Elle m’a provoqué un pincement au cœur pour tous ces intervenants qui ont dû avoir le sentiment de s’être investis pour rien.

Pour ma part, j’ai trouvé cette « coquille vide » intéressante et très instructive, grâce à la diversité des experts auditionnés.

Elle nous a permis de mieux appréhender le fonctionnement des différents acteurs qui interviennent pour assurer la sécurité et la tranquillité des habitants, ainsi que pour prévenir certaines situations.
Ces acteurs ont pu nous faire part librement de leurs difficultés, de leurs besoins et de leurs préconisations.

Bien sûr, nous connaissions déjà certaines des problématiques qui nous été énoncées.
Je pense par exemple à la question du recrutement des policiers municipaux, sur laquelle nous travaillons d’ores et déjà.

Mais j’en ai découvert d’autres.
Je pense là par exemple aux difficultés de la Direction du Cadre de vie pour le détagage systématique des murs, avec l’impossibilité d’intervenir sur des façades dont les personnes ne sont pas titulaires du contrat « façade nette ». J’en profite pour informer ceux qui le laissent entendre qu’il n’y pas uniquement des « ACAB » comme inscriptions nauséabondes sur les murs de notre ville. Bien loin de là.

Au nom de notre groupe, je me félicite du fait que les interventions et les préconisations de nombre des personnes auditionnées aillent dans le sens d’une gestion humaine de la sécurité et de la prévention.
Il nous semble primordial d’accompagner et de soutenir au maximum ces acteurs, qui interviennent au plus près des habitants.

Certaines propositions peuvent être mises en place assez rapidement et nous avons le pouvoir d’agir sur d’autres.

Concernant la lutte contre les violences faites aux femmes. Nous pouvons contribuer à la communication et à la sensibilisation, en intégrant des encarts/mentions dans nos magazines municipaux ou encore en formant tous les agents de la Ville susceptibles d’être confrontés au problème pour repérer les situations.

Concernant la médiation sociale, nous pouvons accélérer la mise en réseau des différents acteurs impliqués et/ou concernés par le sujet, ou encore favoriser la connaissance de ce qu’est la médiation sociale par les acteurs de terrain.

Nous ne doutons pas un instant que Monsieur CHIHI fera tout pour se saisir des propositions qui entrent dans le cadre de son action globale pour la sécurité et la tranquillité publique des Lyonnaises et des Lyonnais, et que nous saluons.

Mais, car il y a toujours un « mais ». Nous restons convaincus que la vidéo-surveillance, je reprends le terme que nous considérons plus approprié quant à l’usage des caméras, n’apporte pas de plus-value en matière de sécurité et de tranquillité publique. Nous l’avons déjà dit à plusieurs reprises, elle présente un risque d’atteinte aux libertés individuelles et elle n’a aucun effet sur la prévention d’actes délictuels.

Je vais une nouvelle fois citer M. Guillaume GORMAND, au risque d’alimenter la rumeur selon laquelle ce chercheur serait anti-vidéosurveillance. Je le cite : « Il y a une connaissance assez ferme et scientifique sur l’utilisation de la vidéo-protection sur les espaces publics. Il n’y a pas d’impact de dissuasion d’installation de caméra sur un espace public. Les études sont convergentes là-dessus, que ce soit en France en Suisse, en Belgique, en Angleterre, aux États-Unis, au Canada, c’est assez clairement qualifié. »

Et il n’est pas le seul à le dire. Là aussi, je cite : « À quelques exceptions près, c’est un outil essentiellement dévolu à l’élucidation ». Non, cette phrase n’est pas de moi. Elle n’est pas non plus d’un chercheur et encore moins d’un dangereux penseur d’extrême-gauche. Chers collègues de Droite, chers collègues « ni de gauche, ni de droite, même si une lame de fond vous fait fortement dériver vers la droite », figurez-vous qu’elle a été prononcée par M. Christian Estrosi, qui avait tant vanté l’effet dissuasif de la vidéosurveillance pendant des années. Allez-vous aussi dire de lui qu’il est partial ?

Aussi, vous ne serez pas surpris d’entendre que nous continuerons à nous abstenir sur toutes les délibérations relatives au déploiement ou à toute autre opération qui a trait au développement de l’usage de la vidéosurveillance. En cohérence avec mes propos, nous nous abstiendrons au cours de ce Conseil Municipal sur les deux délibérations qui portent sur la vidéosurveillance.

Vous ne serez pas non plus surpris d’entendre que notre groupe soutiendra tout projet qui contribuera à assurer la sécurité et la tranquillité publique des Lyonnaises et des Lyonnais, en privilégiant les rapports humains et de proximité.

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