Le service public funéraire aide à faire société, à garantir une décence aux morts comme aux vivants

Mes chers collègues,

Le service public funéraire est trop souvent le grand oublié du débat public. Comme si la mort induisait une forme de réserve, l’absence de toute parole politique. Faut-il donc nous en tenir à une immuable et consensuelle gestion administrative du cimetière municipal ?

À Lyon, il nous paraissait important de sortir de cet impensé politique en élaborant la première stratégie funéraire d’une collectivité territoriale. Ce document d’orientations pose les bases de notre action pour les quatre années à venir. J’ai choisir pour ma part de retenir trois fils conducteurs pour vous la résumer, sans vouloir être exhaustif sur nos ambitions.

Notre premier objectif est d’affirmer que le service public funéraire est un bien commun à préserver.

Sur le secteur des pompes funèbres, nous considérons qu’il est essentiel d’avoir un acteur public pour réguler le marché face aux positions quasi-monopolistiques de deux grands groupes internationaux. La Cour des comptes, dans un rapport récent, nous explique combien le prix des funérailles s’est envolé depuis l’ouverture du marché au privé en 1993. Pour le coup, la main invisible est totalement invisible.

Notre Ville a donc renouvelé sa confiance au Pôle funéraire public, avec une nouvelle délégation de service public à compter du 1er janvier 2024 et ceci pour une durée de 8 ans. Nous offrons ainsi à nos concitoyens un service public funéraire accessible au plus grand nombre et qui n’est pas guidé par l’appétit des fonds de pension.

Je rappelle que nous avons trouvé ce Pôle funéraire public en situation de redressement à notre arrivée aux responsabilités ; qu’en trois ans, nous avons désormais une société à l’équilibre, capable de dégager un résultat net chaque année. C’est l’occasion pour moi de saluer le très gros travail réalisé par ma collègue Audrey Hénocque comme présidente de cette structure.

Parler de bien commun, c’est aussi investir en faveur dans notre patrimoine funéraire : 4 millions d’euros sont provisionnés sur ce mandat pour la rénovation ou la construction de grands équipements funéraires (ossuaire, crématorium, jardin cinéraire) ; 4 millions d’euros sont aussi alloués au réaménagement des concessions funéraires arrivées à échéance.

En effet, avec le vieillissement de la population, l’INSEE nous annonce une augmentation significative de la mortalité ces prochaines années. Il est donc indispensable d’être à niveau, de résorber ici aussi une certaine « dette patrimoniale », pour pouvoir être en mesure demain d’accueillir tous nos défunts.

Le second objectif de cette politique funéraire est d’affirmer une ambition sociale.

Nous souhaitons ainsi développer la première tarification sociale de France pour nos concessions funéraires, afin que la mort ne soit pas un vecteur supplémentaire d’inégalité sociale. Vous le savez, les funérailles constituent souvent un budget très lourd pour les familles. Nous décrétons, en somme, « à chacun selon ses moyens », sur le funéraire comme sur les autres tarifications municipales.

Nous travaillerons aussi à l’amélioration des funérailles des personnes mortes à la rue, isolées ou dépourvues de ressources (20.000€ de plus dès 2024), ceci afin leur rendre leur dignité. Je salue tout particulièrement nos partenaires locaux : l’engagement bénévole des Morts sans toi(t) ou encore du Samu social qui honorent la vie et la mémoire de ces personnes disparues.

Nous voulons par ailleurs faire vivre un cimetière laïque, universaliste, ouvert aux croyants et aux non-croyants. En somme, faire en sorte que le cimetière républicain n’exclut aucun d’entre nous. Cela revient à mieux anticiper le besoin en carrés confessionnels pour ne pas être discriminant à l’entrée. Cet impératif avait vraisemblablement été sous-estimé jusqu’alors. Nous y travaillerons dès 2024.

Pour terminer, je dirais que nous voulons aussi inscrire le service public funéraire dans son époque. Cette époque, c’est celle de la transition écologique.

Cet effort va se traduire par un plan d’investissement d’un million d’euros pour la renaturation des cimetières : végétalisation, désimperméabilisation des sols, gestion raisonnée des espaces. Nous avons également transformé tous nos cimetières en refuge de biodiversité, en partenariat avec LPO. Je salue le travail initié par Nicolas Husson et poursuivi activement par Gautier Chapuis aujourd’hui.
Avec l’évolution des mœurs, nous explorons aussi des funérailles naturelles, plus sobres, pour répondre à une demande croissante des familles, qui peuvent rechercher un retour à la nature. Nous expérimenterons un « carré naturel » au cimetière de la Guillotière, c’est-à-dire un espace paysager, moins minéral, sans stèle de granit importée de Chine, sans caveau béton, sans vernis ou métaux sur les cercueils qui polluent particulièrement nos sols.

Dès le 1er janvier 2024, le Pôle funéraire public proposera une offre de funérailles écologique avec des produits non-traités, achetés localement, avec un bilan carbone moins important que toutes les autres prestations, et pour un coût par ailleurs socialement plus abordable.

Mes chers collègues,

Notre exécutif est convaincu que l’attention que nous portons à nos défunts est aussi le reflet de notre humanisme ; que le service public funéraire contribue en cela à faire société, à garantir une décence commune, à ceux qui partent comme à ceux qui restent, aux morts comme aux vivants. Je vous propose d’adopter cette politique funéraire.