Sylvie FRENILLOT soutient l’activation de la protection temporaire pour les Ukrainiens par les pays de l’Union Européenne. Ainsi les réfugiés bénéficiaires pourront notamment obtenir rapidement un permis de séjour, travailler ou encore disposer d’un hébergement approprié. Ils auront droit à un accueil digne à la hauteur des souffrances qu’ils traversent.
Pourtant, cette générosité, mêlée de volontarisme, inspire un profond malaise.
Avant l’Ukraine, l’activation de cette protection temporaire a été demandée à plusieurs reprises, pour répondre à des crises majeures, comme en Afghanistan et en Syrie, mais sans succès.
Il est intolérable de mettre en place un statut de réfugié.es à 2 vitesses, comme si certain.es étaient plus légitimes que d’autres à fuir conflits, guerre et misère…Les mesures qui ouvrent des droits aux exilés doivent s’appliquer à tous, d’Ukraine ou d’ailleurs !
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Au nom des élu.es Lyon en Commun, Madame la Maire, je tiens à vous remercier pour votre introduction qui place au centre de nos préoccupations la guerre en Ukraine et souligne l’incroyable mobilisation de nos concitoyen.nes lorsque nos semblables traversent des situations difficiles et d’extrême urgence, la crise Covid nous l’a déjà montré.
Selon la Commission européenne, depuis l’intervention militaire de la Russie en Ukraine, 2,8 millions de personnes ont, à ce jour, fui l’Ukraine.
C’est dans ce contexte que les pays de l’Union Européenne ont décidé d’activer pour ces réfugié.es et pour la première fois, la directive de 2001 relative à la “protection temporaire”.
A noter que cette protection temporaire est valable pour trois ans maximum et peut être révoquée à tout moment par l’Union Européenne si elle estime que la situation dans le pays d’origine est redevenue favorable.
Avant l’Ukraine, à plusieurs reprises, son activation pour répondre à des crises majeures, comme en Afghanistan et en Syrie avait été demandée mais sans succès.
En vertu de cette proposition, et je cite là le texte de la directive les “ressortissants ukrainiens et les personnes qui ont fait de l’Ukraine leur lieu de vie et les membres de leur famille déplacés en raison du conflit auront droit à une protection dans toute l’Union européenne“.
L’octroi de cette protection temporaire va permettre aux personnes réfugiées qui en bénéficient de recevoir une protection immédiate.
Ainsi, elles pourront : obtenir rapidement un permis de séjour, travailler, disposer d’un hébergement approprié, recevoir une aide sociale lorsqu’ils ne disposent pas de ressources suffisantes, avoir accès à des soins médicaux, à l’éducation et à la formation professionnelle.
Mesdames Messieurs, les élu-es Lyon en Commun se félicitent de l’activation de cette directive qui facilite l’organisation d’un accueil digne au sein de l’Union Européenne et à la hauteur des souffrances que les Ukrainien.es traversent aujourd’hui.
Pourtant, cette générosité soudaine, mêlée de volontarisme affiché jusqu’au sommet de l’État, inspire un profond malaise.
Monsieur Darmanin symbolise cette rupture, il a déclaré que les réfugiés ukrainiens « sont les bienvenus en France », avant d’appeler « tous les élus […] à mettre en place un dispositif d’accueil » et « faire remonter, les lieux d’hébergement au préfet ».
Or, ce même Monsieur Darmanin continue de mener une politique implacable à l’encontre des exilés afghans, syriens et africains, qui errent sur notre territoire faute de dispositif d’accueil digne de ce nom, subissant un harcèlement quotidien de la part de forces de l’ordre qui n’hésitent pas à lacérer des tentes en plein hiver et à faire obstacle à la distribution de nourriture comme à Paris ou à Calais…
Je tenais d’ailleurs à remercier toutes les associations qui agissent au quotidien sur le terrain mais aussi tous les collectifs militants qui accompagnent, soutiennent, organisent la vie de tous ces réfugié.es et qui pallient ainsi l’inconséquence de l’Etat sur ce sujet.
Pourtant, notre Constitution interdit toute distinction basée sur l’origine (art. 1er) et la Convention relative au statut des réfugié.es de l’UN HCR prohibe explicitement toute discrimination « quant à la race, la religion ou le pays d’origine ».
Mesdames et messieurs nous assistons bel et bien à une application discriminatoire d’un droit d’asile censé protéger toute personne, et je cite là encore cette même convention « craignant avec raison d’être persécutée » et dont « la vie ou la liberté serait menacée ». Un tel contraste jette une lumière crue sur la déshumanisation teintée d’un racisme à peine voilé subie par « les autres », ces autres réfugié.es qui fuient des conflits armés en Afrique ou encore au Moyen-Orient.
Je voulais donc ce soir m’adresser aux dirigeants de l’Union Européenne et à l’État français pour leur dire que nous nous honorerions à nous rappeler que ce sont les valeurs que nous défendons qui fondent le droit d’asile, le devoir d’accueillir, et non l’origine des réfugié.es.
Le droit d’asile est universel ou n’existe pas.
Il est inconcevable aujourd’hui de mettre en place un statut de réfugié.es à 2 vitesses, comme si certain.es étaient plus légitimes que d’autres à fuir conflits, guerre et misère et à être accueilli.es loin de chez eux.
Mesdames, messieurs nous, élu.es Lyon en Commun, demandons que les mesures qui ouvrent certains droits dans le cadre de la directive de protection temporaire s’appliquent à l’ensemble des exilé.es se trouvant sur le territoire français, qu’ils soient d’Ukraine ou d’ailleurs !