Aurélie GRIES présente le projet pour la mise en œuvre de la convention d’application financière, établie entre la Ville de Lyon et l’Association lyonnaise pour l’insertion économique et sociale (ALLIES).
L’accès aux solutions d’accueil des jeunes enfants est difficile, en particulier pour les cheffes de famille monoparentale qui constitue un frein majeur de retour à l’emploi. La crise sanitaire a accentué la pression économique et sociale des familles monoparentales.
Le développement de différents modes d’accueil est ainsi une partie de la réponse proposer pour réduite les inégalités sociales, renforcer l’accès aux familles les plus modestes aux différents modes d’accueil et participer à l’égalité des chances.
Ce projet partenarial permettra, dès la rentrée de septembre 2021, de réserver des places au sein des crèches Rochaix 1 et Rochaix 2 dans le 3e.
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Aujourd’hui, les familles monoparentales non actives et les familles mono-actives ne sont pas prioritaires dans l’attribution des places dans les établissements d’accueil du jeune-enfant municipaux ou associatifs de notre Ville.
D’une part, selon les chiffres de l’INSEE, 89% des familles monoparentales sont des femmes avec enfant.s. La monoparentalité est un facteur de risque particulièrement important concernant la pauvreté : 35% des familles monoparentales sont pauvres et 23 % des familles monoparentales vivent dans des logements surpeuplés.
Les femmes et les hommes ne sont pas affectés de la même manière par la pauvreté : les inégalités socio-économiques qui persistent entre les sexes conduisent à ce que les facteurs de pauvreté et l’ampleur du phénomène diffèrent pour les femmes et pour les hommes. Le caractère sexué de la pauvreté s’explique aussi par les inégalités professionnelles. Le travail est facteur d’émancipation sous réserve qu’il s’exerce dans un cadre réglementé qui y équilibre les rapports de force. Pendant longtemps cet encadrement a été défavorable aux femmes, elles ont été repoussées dans les retranchements du foyer, en charge d’un travail non rémunéré. Leur entrée massive dans le salariat à partir des années 1960 s’inscrit dans un mouvement général d’émancipation des femmes. Pourtant, les inégalités sur le marché du travail persistent aujourd’hui. Les femmes sont moins actives que les hommes, Entre 2014 et 2019, les femmes en France ont un taux d’emploi de 69% et ce taux baisse de 51% pour les femmes habitantes des quartiers politiques de la ville et leurs profils de carrière sont discontinus du fait de la formation de la famille : l’arrivée des enfants pèse sur leur investissement dans l’emploi et affecte leurs évolutions professionnelles. La pauvreté oblige à accepter les emplois qui sont les moins attractifs : payés au SMIC, temps partiel contraint, horaires morcelés ou atypiques, difficultés des tâches, manque de reconnaissance. Dans de nombreuses situations, des femmes doivent renoncer à un emploi, faute de pouvoir faire garder leur enfant si elles sont embauchées et doivent ainsi attendre l’entrée à l’école, ce qui crée un trou dans le CV qui peut leur porter préjudice. La difficulté d’accès aux solutions d’accueil des jeunes enfants, en particulier pour les cheffes de famille monoparentale, constitue un frein majeur de retour à l’emploi : selon un rapport du Conseil de l’emploi, des revenus et de la cohésion sociale, seuls 3 % des enfants issus des familles bénéficiaires d’un minimum social sont gardés en crèche.
A contrario, les périodes sans emploi laissent plus de temps au foyer, de présence dédiée aux enfants. Mais quid de la disponibilité psychique quand la charge mentale parentale est accaparée par le stress de ne pas pouvoir payer à ses enfants le minimum vital ?
D’autre part, la crise sanitaire a accentué la pression économique et sociale à l’égard des familles monoparentales notamment. Depuis la fin du printemps 2020, les suppressions d’emplois se multiplient dans de nombreux secteurs économiques. L’Insee relève que 300 000 emplois en France ont été détruits entre décembre 2019 et décembre 2020. Après s’être séparées massivement de leurs intérimaires et de leurs travailleurs précaires dans les premières semaines du confinement, nombre d’entreprises ont amorcé une refonte d’ampleur de leur organisation du travail, en combinant recours aux mesures de chômage partiel, mise en œuvre de plans de « sauvegarde de l’emploi » et d’accords de « performance collective » permettant de tailler dans les effectifs, de prendre sur les congés et, parfois, de baisser les salaires. Ainsi les employés – un groupe social très majoritairement féminin – et les ouvrières et ouvriers ont davantage pâti de la mise à l’arrêt de l’activité, hormis dans les secteurs désignés comme «nécessaires».
Jamais les inégalités économiques et sociales n’auront été plus visibles qu’en cette période de crise sanitaire. Ainsi, dans un contexte socio-économique où de nombreuses familles peinent à trouver un emploi, une formation ou un logement, Mr Miachon Debard l’a si justement dit précédemment, le développement d’une pluralité des modes d’accueil est une partie de la réponse que nous pouvons proposée à l’échelle de notre Ville.
Cette délibération est l’aboutissement d’un projet coordonné entre par la direction de l‘Enfance de Ville de Lyon, la maison de la métropole pour l’insertion et l’emploi, la protection maternelle infantile, la CAF, Pôle emploi du 8ème arrondissement, l’Union Féminine Civique et Sociale, le Centre d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles et L’association ALLIES (Agence Lyonnaise pour l’Insertion Economique et Sociale). Cette dernière assurant le portage de la coordination du projet.
Les établissements d’accueil du jeune enfant à vocation d’insertion professionnelle (AVIP) ont pour mission de promouvoir et d’accompagner l’accès à l’emploi notamment des femmes mères isolées ayant des enfants de moins de 3 ans en leur permettant d’obtenir un accueil en crèche pour leur enfant.
Les objectifs de ces établissements sont multiples :
- Réduire les inégalités sociales en matière d’accueil du jeune enfant,
- renforcer l’accès des familles les plus modestes aux différents modes d’accueil
- Participer à l’égalité des chances en contribuant à rendre les modes d’accueil individuel et collectif accessibles au plus grand nombre en mettant en place des actions d’éveil et de socialisation de l’enfant adaptées à la diversité des familles,
- Soutenir des projets qui prennent en compte les publics des quartiers prioritaires de la politique de la ville, qui contribuent aux besoins des publics les plus fragiles et qui concourent à la mixité sociale.
Ce projet permettra, dès la rentrée de septembre 2021, de réserver des places au sein des crèches Rochaix 1 et Rochaix 2 dans le 3ème arrondissement.
Ainsi je vous propose d’émettre un avis favorable concernant cette délibération permettant la mise en œuvre de la convention d’application financière, établie entre la Ville de Lyon et l’Association lyonnaise pour l’insertion économique et sociale (ALLIES), domiciliée dans le 7ème arrondissement jusqu’en décembre 2023 et l’attribution d’une subvention de fonctionnement d’un montant de 27 820 € au titre de l’année 2021.