David SOUVESTRE, conseiller à la Vie associative, éducation populaire, santé, santé environnementale, exhorte les élu·e·s du 1er à voter contre la fermeture de l’école Lévi Strauss. “Une école qui ferme ne rouvre jamais.”
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Madame la Maire, Cher·e·s collègues,
La fermeture d’une école publique n’est pas un acte anodin, surtout en ces temps où nous ne cessons de rappeler combien l’éducation est une des priorités pour lutter contre toutes les formes d’ignorance.
L’école est un pilier essentiel du bon fonctionnement de la République et de la démocratie.
Aussi, j’entends, Madame la Maire, que c’est le cœur serré que vous présentez cette délibération !
Mais aujourd’hui, hélas, il est trop tard pour intégrer la gravité de cette décision !
Et je peux vous assurer que les élu·e·s Lyon en Commun se sont sentis bien seuls, ces derniers mois, lorsqu’il s’agissait de défendre le maintien de l’école Lévi Strauss, au côté des parents d’élèves et de la communauté éducative.
D’autant qu’un immense travail avait été mené durant le précédent mandat, en collaboration entre la mairie d’arrondissement, la communauté éducative et les parents d’élèves, ce qui avait abouti à une sauvegarde de l’école maternelle.
Bien entendu, nous partageons avec vous le constat de l’évolution démographique du 1er, dont nous connaissons toutes et tous les causes et contre lesquelles nous entendons lutter ensemble.
La maire précédente n’a eu de cesse de lutter contre la bétonisation de l’arrondissement.
Elle s’est opposée à un certain nombre de permis de Construire.
Elle a constamment alerté sur l’augmentation fulgurante des prix de locations et des biens immobiliers, proposant même au Maire de Lyon de l’époque que le 1er arrondissement soit une zone test pour l’encadrement des loyers ou le contrôle des AirBnB.
Ces propositions n’ont pas été suivies par l’exécutif mené par Gérard Collomb.
Et malgré quelques victoires (comme le maintien du bâtiment de l’ex-ENSBA dans le patrimoine de la Ville ou la préservation de la parcelle de nature de la rue du Bon Pasteur), cela n’a évidemment pas été suffisant face aux dégâts considérables de la politique de la municipalité précédente.
Un des résultats fut le départ d’un certain nombre de familles de notre arrondissement, des familles autant oppressées par le manque d’espaces de respiration que par l’évolution des prix au mètre carré.
Ce départ de familles a évidemment provoqué une diminution des effectifs scolaires.
L’argument de la baisse des effectifs est factuel.
Si les faits sont têtus, ils ne doivent pas prévaloir quand il s’agit d’une fermeture d’école publique.
En d’autres termes, le devenir d’une école publique ne doit pas obéir à une logique comptable.
C’est là où, clairement, nos points de vue s’éloignent !
Concernant le projet de délibération qui nous est présenté ce soir, permettez-moi de souligner trois arguments que je qualifierais de spécieux.
Pour la prochaine rentrée scolaire, les enfants seront réorientés vers 3 écoles dites de « proximité » : Michel Servet, Robert Doisneau et Lamartine.
Ce mot de proximité est brandi comme si nous oublions déjà que l’école Lévi Strauss est, elle aussi, une réelle école de proximité, pour les enfants qui la fréquentent.
Alors Oui ! Sous mappy, googlemaps, les écoles sont à proximité !
Mais si nous appréhendons les distances « à hauteur d’enfant », il faut se représenter que les trajets entre maison et école prendront de 20 à 40 minutes, un temps de marche long pour un enfant de maternelle.
Face à la logique arithmétique du Rectorat, qui ne s’embarrasse pas de ce type considération, il nous appartenait, à nous, élu·e·s de proximité, d’être à l’écoute du bien-être des enfants de nos quartiers !
Force est de constater que cela n’a pas été suffisamment fait, eu égard à la délibération qui est présentée ce soir.
Notre collègue, Madame Fatima BERRACHED, qui aura à cœur de porter la thématique de travail « Egalité, fraternité, mobilité » avec le Conseil d’arrondissement des enfants, ne pourra qu’approuver.
Je ne vais pas m’éterniser sur le prétendu dialogue avec la communauté éducative.
La mobilisation des parents d’élèves tend plutôt à démontrer que la concertation n’a pas vraiment eu lieu.
Je ne vais pas non plus revenir trop longuement sur la question de la recherche de scénarii pour maintenir l’école mais dont aucun n’aurait pu être retenu.
Nous, élu·e·s Lyon en Commun, avons fait plusieurs propositions.
Là où l’Education Nationale est prompte aux expérimentations dans les quartiers populaires, elle se refuserait à expérimenter dans notre quartier pour sauver une école ?
Enfin, Madame la Maire, cher·e·s collègues, la suppression de cette école aura un caractère irrévocable.
Nous le savons bien, l’histoire nous le prouve, lorsqu’une école ferme, elle ne rouvre jamais.
Cette fermeture viendra donc renforcer le phénomène de désertification de cette partie de la presqu’île.
Elle aura des conséquences, à terme, sur l’installation de nouvelles familles, sur la pérennisation du commerce de proximité, sur la vie de quartier en général !
Retenons les leçons de l’histoire et gardons bien en mémoire les conséquences, sur le quartier de la fermeture de l’école primaire d’Ainay dans le 2e arrondissement.
Quelle que soit la physionomie d’un territoire, l’école permet de tisser des liens entre habitant·e·s, de favoriser la cohésion sociale.
Face à la froide statistique des effectifs scolaires, les enjeux d’aménagement urbain et de bien-être des habitants n’ont pas eu la place qu’ils méritaient dans le débat.
Madame la Maire, mes cher·e·s collègues,
Nos cœurs seraient-ils à ce point serrés qu’ils ne verraient pas le sens de l’histoire ?
Les chiffres nous auraient-ils soudainement privés de bon sens, d’audace et de courage ?
Madame la Maire, mes cher·e·s collègues,
Je vous demande d’émettre un avis défavorable à ce projet de délibération.
Dans le cas contraire, tout le reste ne sera alors que littérature !
Je vous remercie.