Mesdames, Messieurs, chers collègues
Le groupe LYEC et le groupe des Ecologistes s’associent pour saluer la stratégie pour le logement et l’habitat qui nous est présentée.
Car s’il fait bon vivre à Lyon, cela devient, malheureusement, un privilège auquel beaucoup de nos concitoyens ne peuvent plus prétendre
La crise du logement qui touche l’ensemble du pays n’épargnant pas Lyon. Bien au contraire. Comme toutes les grandes villes de France, elle subit les effets dévastateurs de la tension extrême du marché et de la raréfaction des biens, qui rendent petit à petit la vie en centre-ville inaccessible aux ménages les plus modestes. Voire aux ménages, tout court, aux classes moyennes, aux familles… à la recherche de logements suffisamment grands et abordables pour leur offrir « les conditions nécessaires à leur développement. » (cf. Préambule Constitution de 46).
Lyon est belle. Elle attire des touristes du monde entier, mais Lyon appartient donc, de moins en moins, aux Lyonnais… contraints de la quitter pour trouver un logement abordable financièrement. L’augmentation vertigineuse des loyers, notamment dans le centre-ville, tout comme l’envolée du prix du mètre carré à l’achat, engendre une gentrification préoccupante.
Pour la vitalité de nos quartiers, la mixité sociale et la capacité de notre ville à loger ceux et celles qui y travaillent, aimeraient y fonder une famille, y voir grandir leurs enfants et bénéficier de services publics mis à mal par cette désertion contrainte des familles et de tout l’écosystème qui va avec : les crèches, les écoles, les commerces de proximité, les associations. Etc.
Se loger est un droit, auquel il est de plus en plus difficile d’accéder dans notre ville. Parce que les logements manquent. Parce que nous manquons aussi de logements sociaux. Et de foncier disponible pour les bâtir. (Plus de 34 000 demandes de logements sociaux sont actuellement en attente). Parce que la spéculation immobilière continue de pousser les prix à la hausse, rendant nos actions parfois insuffisantes. Parce que les inégalités économiques sont ce qu’elles sont et permettent à des multipropriétaires de confisquer une partie des logements qui pourraient servir à des habitants… au profit des touristes de passage qui payent à la nuitée et rentabilisent ainsi d’autant mieux leurs biens.
Nous nous réjouissons, bien sûr, de l’attractivité de notre ville, mais nous ne pouvons accepter qu’elle se fasse au détriment de ceux et celles qui la font vivre.
Car que restera-t-il de l’identité lyonnaise, s’il n’y a plus d’habitants pour la faire vivre ?
Nous saluons la stratégie pour le logement et l’habitat soumise à notre vote aujourd’hui car elle poursuit des objectifs ambitieux, dont nous ne maitrisons pas tous les leviers, puisqu’ils relèvent en grande partie de la compétence de l’Etat et de la Métropole, mais qui indique un cap clair et réaffirme notre volonté farouche de restaurer le pouvoir d’habiter, dignement, notre ville.
Partout où nous le pouvons, nous agissons.
Pour favoriser la production de logement social et rendre la ville abordable à ses habitants, avec une enveloppe de 34.5 millions d’euros que nous avons sanctuarisée lors du conseil municipal de Mars 2024.
Pour promouvoir des logements confortables et à faible impact environnemental afin de lutter, aussi, contre la précarité énergétique et répondre aux défis de notre temps.
Pour informer les citoyens sur leurs droits et leur permettre d’accéder à des dispositifs comme le bail réel solidaire, destiné à faciliter l’accession à la propriété en dissociant le bâti du foncier, ou faire respecter les mesures d’encadrement des loyers et des meublés de tourisme.
Nous aurons beau édicter les meilleurs règlements, si les administrés ne savent pas qu’ils existent, cela restera vain. La lutte contre le non-recours au droit est donc lui aussi un axe central de cette stratégie.
Par exemple, nous avons pour cela initié des permanences dans la mairie du 4ème arrondissement pour informer les locataires sur leurs droits : sur le niveau de loyer que leur logement ne devrait pas dépasser, sur les démarches à entreprendre pour une demande de logement social, sur les dispositifs d’accompagnement auxquels ils sont en droit de prétendre. Dès le mois de septembre, la mairie du 1er arrondissement accueillera également ces permanences. Et à terme, nous espérons qu’elles essaimeront dans tous les arrondissements de la ville.
Enfin la stratégie prévoit l’étude de la mise en place de permis de louer et de permis de diviser qui nous semblent absolument nécessaires pour lutter plus efficacement contre l’habitat indigne et les marchands de sommeil.
La recherche de la rentabilité à tout prix ne peut prévaloir sur la défense de l’intérêt général, et nous ne pouvons continuer à accepter de voir les grandes surfaces disponibles dont les Lyonnaises et les Lyonnais ont tant besoin être divisés en tout petits appartements à louer ou à acheter à prix d’or.
Je vous appelle donc bien sûr à voter favorablement cette stratégie ainsi que les délibérations qui permettront de lui donner corps pour
accorder une subvention complémentaire de 150 000€ à la SACVL dans 2 opérations de production de logement social et abordable.
accorder de nouvelles subventions à 29 opérations d’acquisition-amélioration, de construction neuve ou en Vefa
approuver la convention d’opération du Programme d’Intérêt Général (PIG) « Habitat indigne et dégradé » et de la convention de participation financière 2024 – 2029
approuver une convention pluriannuelle entre l’ALPIL et la Ville de Lyon pour financer l’activité de la Maison de l’Habitat.
Et enfin approuver l’attribution d’une subvention de fonctionnement à l’association Bail 69 qui assure l’accompagnement des locataires dans le cadre du dispositif d’encadrement des loyers.