Monsieur le Maire,
Mes chers collègues
48% ! 48%, c’est la proportion de chômeurs qui arrivent à retrouver un travail en 6 mois dans notre région. Bien que nos sensibilités divergent parfois, je pense que vous serez d’accord avec moi : 48%, c’est trop peu ! Et cela démontre bien la difficulté d’accéder à l’emploi.
Alors que le gouvernement choisit de durcir les conditions d’accès au chômage et revoit à la baisse la durée d’indemnisation pour les séniors, la Ville de Lyon s’engage, elle, à travers cette stratégie lyonnaise pour l’insertion et l’emploi à définir un cadre de référence pour faciliter la coordination et la synergie entre les multiples partenaires agissant déjà sur le terrain : je veux parler des MMIE, des Missions Locales, de l’ALLIES, l’École de la 2ème chance, l’État, la Métropole ou encore France Travail.
Ce maillage est nécessaire pour répondre aux besoins des publics les plus éloignés de l’emploi : c’est-à-dire toutes celles et ceux que notre société supposément « méritocrate » laisse de côté.
Certaines et certains d’entre eux ont probablement tenté de « traverser la rue pour trouver un travail »… ils ont dû réaliser rapidement que ce n’est pas si simple que ça ! Qu’elles aient traversé la rue ou non, ce sont bien des milliers de personnes qui sont laissées sur le bord de la route.
Et parmi elles, des personnes en situation de handicap, des jeunes de moins de 25 ans domiciliés en QPV, sans qualification et sans formation, des familles monoparentales ou encore des seniors.
Les obstacles que doivent surmonter les demandeurs d’emploi sont nombreux, et nous savons bien que derrière les chiffres se cachent toujours des parcours de vie singuliers. L’accompagnement vers l’emploi doit donc aller de pair avec un accompagnement plus global. Et c’est tout l’objet de cette stratégie d’interventions coordonnées, qui fixe un cap en s’appuyant sur des moyens clairement identifiés.
Rassurez-vous, je ne vais pas lister ici les 46 actions déclinées dans ce plan, car je suis sûr que vous les connaissez toutes par cœur J Je me contenterai d’en illustrer les 4 grands axes :
Premièrement : Accompagner dans la proximité. C’est-à-dire développer la capacité d’accueil dans les quartiers, l’individuation des parcours, ou encore l’aller-vers.
Je salue à ce titre l’implantation des antennes Maison Lyon pour l’emploi, et l’ouverture de l’Atelier de l’Emploi au cœur du Centre commercial de la Part-Dieu. Ces ateliers sans rendez-vous sont importants, car c’est précisément un des obstacles qui entravent parfois le passage à l’action.
Deuxièmement : Agir concrètement pour le droit à l’emploi, en luttant contre les freins et les discriminations de toute nature.
Cela passe par exemple par la prise en charge de cours de français langue étrangère (FLE), ou d’activités culturelles et sportives qui contribuent à développer la confiance en soi, mais aussi à tisser un premier réseau. C’est ce réseau qui permet d’orienter les candidats vers des entreprises ayant des postes à pourvoir, de les informer sur des initiatives comme la Quinzaine de l’emploi au féminin ou les parcours séniors.
Le troisième axe nous invite à « Agir pour un monde du travail intégrateur et porteur de sens »
Car à travers l’emploi, c’est bien l’émancipation et l’utilité sociale que nous visons. En incitant à multiplier les actions dans le cadre de la Charte des 1000 entreprises pour l’insertion et l’emploi. En organisant des temps de recrutement spécifiques aux métiers en tension ou en formant les conseillers emploi aux enjeux et aux métiers de la transition écologique, c’est bien la construction de projets professionnels choisis et porteurs de sens que nous promouvons.
Enfin, le 4e axe, qui est de Faire de Lyon un modèle au cœur de l’écosystème emploi-insertion, nous oblige à l’exemplarité en qualité de Ville Employeur. Le plan égalité professionnelle de la Ville de Lyon que nous avons mis en place en est une des illustrations.
Cette Stratégie nous inscrit dans la continuité du préambule de la constitution de 1946 qui proclame que, je cite, “chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi. Nul ne peut être lésé, dans son travail ou son emploi, en raison de ses origines, de ses opinions ou de ses croyances”.
Ces principes fondateurs doivent aussi être interprétés sous l’angle de la dignité des travailleuses et travailleurs, et rappelons-nous qu’aucune réglementation du droit du travail ne peut s’établir sans dialogue social. La période actuelle nous rappelle l’importance de la justice sociale, mais aussi d’une certaine démocratie sociale, et nos trois groupes de la majorité seront toujours attentif à cela.
Comme l’énonçait déjà le Serment de la Gauche à Montrouge, le 14 juillet 1935, face à la montée du fascisme et du nazisme, « donner du pain aux travailleurs, du travail à la jeunesse, et au monde la Grande paix humaine ».
Nous approuvons bien sûr cette stratégie qui nous permet d’avancer avec humanité, et nous espérons qu’elle fera l’unanimité parmi nous.
Je vous remercie.