Intervention de Nathalie Perrin-Gilbert, adjointe à la Culture, au Conseil Municipal du 21 mars 2024
Parmi les délibérations qui sont soumises à votre vote aujourd’hui, je voudrais en extraire quatre.
La délibération qui porte sur nos Scènes découverte tout d’abord et vous pourrez constater la force du soutien de notre ville à ces lieux de création et d’émergence, avec notamment une hausse de notre soutien au Kraspek Mysic et à Thou Bout d’Chant, deux haut lieux de musique pour l’un et de chanson francophone pour l’autre ; une hausse de notre soutien au théâtre de l’Elysée qui propose une programmation remarquable ; une hausse de notre soutien aussi au Nid de Poule, scène découverte consacrée aux Arts de la Rue. Ainsi nous continuons de mettre en acte notre engagement à mieux soutenir les lieux d’émergence artistique.
Une autre délibération que je souhaite vous signaler est celle qui porte soutien à un ensemble de lieux culturels associatifs, hors Scènes découvertes. Ces lieux maillent notre ville et nos arrondissements. Ils y assurent une vie culturelle, artistique et sociale.
Nous votions habituellement ces subventions entre mai et juillet. J’ai souhaité que nous avancions ce vote au mois de mars :
Parce que ces lieux qui accueillent les artistes et les compagnies sont essentiels à la vitalité artistique de note ville.
Parce que ces lieux souffrent eux aussi de l’inflation des coûts de l’énergie et il était important de leur signifier tôt dans l’année la hauteur de notre soutien.
Cette délibération nous permet par ailleurs, et malgré les coûts de rabot budgétaires annoncés, de faire effet levier auprès de l’Etat dans le cadre du programme « Mieux produire, mieux diffuser » élaboré par le Ministère de la Culture et doté à ce jour d’un budget de 9 millions d’euros. Je ne voulais pas que notre ville soit en retard et rate la possibilité de mobiliser des financements d’Etat.
Ainsi nous votons ce soir, outre une augmentation de subvention aux Subsistances et à la Maison de la Danse, une augmentation de notre soutien à nos deux Scènes de Musiques Actuelles toutes deux situées dans le 2e arrondissement : le Marché Gare et le Périscope. Nous maintenons, cher Pierre Oliver, notre subvention au Théâtre des Marronniers et j’espère vraiment que vous parviendrez à convaincre la Région de revenir sur son arbitrage à la baisse concernant ce théâtre.
Nous votons une subvention en augmentation à l’association H/F pour la permanence qu’elle a mise en place sur le 1er arrondissement : une permanence d’accueil, d’écoute et d’orientation de personnes victimes de violences sexistes et sexuelles dans le milieu de la culture. Ce lieu est essentiel pour lutter efficacement contre ces violences dont les exemples ne cessent hélas de faire l’actualité.
Sur le 4e arrondissement, nous doublons notre soutien à l’Aquarium Ciné Café pour le travail remarquable effectué par l’association autour du cinéma.
En matière d’arts contemporain, nous augmentons notre soutien au lieu Kommet situé dans le quartier de la Guillotière et à l’Attrape-Couleur dans le quartier de la Duchère. Car oui, nos politiques de droit commun doivent se déployer particulièrement dans nos quartiers en politique de la ville. En tant qu’adjointe à la culture, j’y veille particulièrement.
Et puis, et je trouve cette nouvelle réjouissante, nous augmentons notre soutien au collectif de photographes Item, qui ouvre un nouveau lieu dédié à la photographie rue Burdeau et je ne doute pas que ce lieu va bientôt faire l’actualité pas uniquement dans le 1er arrondissement mais dans l’ensemble de notre ville.
Je cite ces lieux présents dans différents arrondissements de notre ville pour dire aussi qu’avant de vous présenter cette délibération, et dans le cadre du plan « Lyon Puissance 9 », j’ai rencontré individuellement, avec la Direction des Affaires Culturelles, chaque adjoint ou adjointe à la culture des neuf arrondissements.
Une autre délibération importante est celle qui concerne l’avenant financier entre notre ville et l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Lyon. Nous augmentons notre dotation à cet établissement de 176.000 euros.
Je tiens à dire combien je suis inquiète par la situation financière de cette école qui délivre des diplômes d’art et de design doublement accrédités par le ministère de la Culture et le ministère de l’Enseignement supérieur. Malgré cette double accréditation, l’Etat ne contribue qu’à hauteur de 6,5 % au budget de fonctionnement de notre école ! Cette situation est tout à fait anormale et les récentes déclarations de Madame Dati au sujet des écoles d’art sont terriblement inquiétantes.
Il est une réalité que nous devons être vigilants avec l’argent public et il est une réalité aussi que nous devons réformer la carte de l’enseignement supérieur d’art et de design dans nos régions. Mais cela ne peut se faire sans mettre tout le monde autour de la table : Etat, Région, Métropole, Villes concernées.
A ce jour, je ne peux garantir que le budget 2024 de l’Ecole sera équilibré malgré la hausse du soutien de la Ville, malgré aussi des décisions, difficiles mais responsables, que je suis tenue de prendre pour sauver notre école. Je pense par exemple à la fermeture du master design graphique vers lequel nous nous dirigeons.
Nous ne pourrons sauver notre école si la Région ne revient pas à son niveau de financement de 2021, c’est-à-dire avant la baisse de 100k€ qu’elle a opéré en 2022 et sur laquelle elle n’est jamais revenu depuis. Nous ne pourrons sauver notre école si l’Etat ne revoit pas à la hausse sa dotation de fonctionnement.
Je vous le demande chers collègues, plaidez avec moi dans les différentes assemblées au sein desquelles vous siégez, la cause de notre école qui forme des artistes et des designers de talent. Pour exemple l’artiste qui a été choisi à l’unanimité pour représenter la France à la biennale de Venise est un artiste passé par le post-diplôme de notre école. Veut-on perdre ce levier de rayonnement pour notre pays et notre région ?
Enfin et pour terminer mon propos de manière plus optimiste, je vous propose un petit coup de projecteur sur la délibération qui concerne « Quais du Polar » et qui porte notre soutien à hauteur de 200.000 euros pour un festival exceptionnel, qui participe de la créativité de Lyon en matière de littérature et d’écritures contemporaines. Un festival qui amène le genre polar, et ses auteurs et autrices, dans nos bibliothèques, dans nos musées, à l’Institut Lumière, au Marché Gare, et bien sûr dans nos rues grâce à la Grande Enquête qui reliera cette année le quartier de la Confluence à la place des Terreaux.