Intervention de Nathalie Perrin-Gilbert sur le rapport de la CRC concernant la monnaie Locale et Complémentaire la Gonette.

Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les élus, Mesdames et Messieurs,

Avec ce projet de délibération, le groupe Lyon en Commun prend acte du rapport de la Chambre Régionale des Comptes.

L’association « Monnaie Locale Citoyenne – La Gonette » est une association créée en 2014, quelques mois avant l’adoption de la loi relative à l’Economie sociale et solidaire qui a notamment donné un cadre légal aux monnaies locales complémentaires. Depuis novembre 2015, l’association émet et gère « la Gonette », qui compte parmi les différentes monnaies locales et citoyennes qui existent en France.

Je voudrais dire, et la CRC le mentionne aussi, que la Mairie du 1er arrondissement a été la première, en 2017, à adhérer sur ma proposition et par vote du conseil d’arrondissement à La Gonette. Je ne regrette ni ne renie cette adhésion car il était important de s’engager aux côtés de l’association pour l’accompagner dans l’expérimentation d’une monnaie locale, citoyenne et complémentaire.

Vous le retrouverez aussi mentionné dans le rapport de la Chambre, en tant qu’adjointe à la Culture, j’ai veillé dès le début de mon mandat à ce que les bibliothèques et les musées municipaux lyonnais acceptent la Gonette. Monsieur le Directeur Général des Services de la Ville, j’en avais remercié vos directeurs, directrices et équipes car cette volonté politique leur avait demandé du travail et des adaptations techniques.

Pourquoi cette expérimentation d’une monnaie locale et complémentaire a-t-elle valeur à mes yeux ? Parce qu’elle peut participer du développement économique du territoire par la relocalisation et la dynamisation des échanges et parce qu’elle permet, par l’Education Populaire, l’appropriation citoyenne du fonctionnement monétaire et financier. Il s’agit là d’un enjeu démocratique fort.

Maintenant il y a le rapport de la Chambre Régionale des Comptes,  un rapport et une synthèse qui pointent des dysfonctionnements importants auxquels il faut mettre fin et je sais que la co-présidente et le co-président actuels de l’association ont d’ores et déjà, et y compris dans le cadre du contrôle et du dialogue avec la CRC, mis en œuvre un certain nombre d’actions et de process pour se conformer aux préconisations faites. Les élus des villes de Lyon et de Villeurbanne et de la Métropole qui siègent au sein du collège des collectivités (ou qui devraient siéger …) se doivent d’accompagner ce mouvement indispensable.

Mais il est vrai que parfois quand une élue essaie d’être vigilante sur la bonne gestion d’une association, ou par hasard d’un syndicat mixte, on est prompt ici à l’accuser, y compris publiquement, d’avoir un mauvais comportement !

Mais outre la Gonette, se pose plus globalement la question du travail, de ses conditions, de sa rémunération, au sein de petites associations où la limite est toujours ténue entre droit des salariés et militantisme. Et les cas d’épuisement et de burn-out ne sont pas rares dans le secteur associatif, parce que les associations n’ont pas toujours les budgets suffisants pour embaucher et rémunérer suffisamment leurs équipes, parce que certaines aussi joue sur la corde militante de leurs salariés, ce qui évidemment n’est pas acceptable.

Le rapport de la Chambre Régionale des Comptes peut être vu comme une chance pour l’association parce qu’il lui donne les bases pour sécuriser son fonctionnement et se mettre en conformité avec l’ensemble des textes réglementaires en vigueur. Mais ce rapport inquiète aussi : des commerçants ou des adhérents pourraient décider de se désengager avec la crainte d’irrégularités.

Vous connaissez ma lecture régulière d’Aristote car je le cite de temps en temps ici-même. Et je n’ai pu m’empêcher de relire ce qu’il disait de la monnaie. Par exemple, je le cite, « la monnaie a été inventée par convention,  pour servir d’intermédiaire dans les échanges. Ce n’est pas la monnaie en soi qui a de la valeur, mais la croyance collective dans sa valeur ». Fin de citation. Pour le dire autrement, une monnaie repose d’abord sur la confiance !

Alors si la balle est dans le camp des administrateurs et administratrices de la Gonette qui doivent mettre le fonctionnement de l’association en conformité, la balle est aussi dans le camp des collectivités adhérentes, et parmi celles-ci la Ville de Lyon.

En fait le choix devant nous est simple !

Soit nous voulons donner aux Lyonnaises et Lyonnais confiance en la Gonette et la voir se développer : alors notre Ville doit contribuer à sa circulation accrue en acceptant la monnaie locale et complémentaire comme moyen de paiement d’un certain nombre de nos services. Par exemple le paiement des tickets d’entrée dans nos piscines municipales et pourquoi pas dans la piscine du LOU-Rugby dans le cadre de la convention de service d’intérêt économique général votée ici-même le 30 mai dernier ? Par exemple encore, le paiement des vignettes résidents ou des horodateurs, ou bien le paiement de la cantine et des activités périscolaires ? On le voit nous avons de  nombreuses possibilités de participer pleinement à la circulation de la monnaie locale et complémentaire et ainsi de la soutenir réellement et concrètement.

Soit nous considérons que depuis 2015, l’expérimentation de la monnaie locale n’a pas porté ses fruits et nous voulons y mettre un terme. C’est une possibilité, d’autant plus au regard du rapport de la Chambre Régionale des Comptes. Mais alors par respect pour les membres de l’association il faut le dire clairement. C’est pourquoi je ne suis pas pour le moratoire qui nous a été proposé par les élus du Groupe Droite Centre et Indépendants de notre Assemblée.

Je suis pour une éthique qui consiste à avoir un positionnement clair, franc, assumé et dire si, oui ou non, nous accompagnerons demain une monnaie locale, citoyenne et complémentaire sur notre territoire bien-sûr dans le respect de la loi qui s’impose à chacune et chacun d’entre nous. Je vous remercie de votre attention.