Cette délibération sur l’accueil d’apprentis à la Ville de Lyon pourrait passer inaperçue tant elle est, a priori, consensuelle. Nous poursuivons en effet nos efforts budgétaires pour accueillir toujours plus de jeunes apprentis à la Ville de Lyon. Nous approchons désormais la centaine d’apprentis accueillis par an, soit une augmentation de plus de 50% depuis le début du mandat. C’est un motif de satisfaction qui peut être partagé, je le crois, par tous les groupes politiques.
C’est important au titre de l’insertion professionnelle des jeunes dans notre société ; c’est important aussi dans un contexte de tension sur le marché de l’emploi, tension qui nous invite à faire mieux connaître les métiers du service public, pour pouvoir recruter activement sur des postes vacants.
Dès lors, pourquoi intervenir sur cette délibération ? Et bien parce que ce dispositif vertueux pourrait bien s’effondrer d’ici la fin du mandat. Jusqu’à présent, le financement de l’apprentissage reposait sur un triptyque : 0,1% de la masse salariale des collectivités, 15M€ de France Compétences et 15 M€ de l’Etat.
Or, le gouvernement a annoncé lors de la loi de finances 2023 le caractère désormais dégressif des financements sur l’apprentissage pour une extinction probable en 2025. Cela n’a pas manqué de susciter l’émoi des employeurs territoriaux et une forte mobilisation de France Urbaine.
Compte-tenu de ce désengagement, le CNFPT, qui nous verse les fonds pour le recrutement des apprentis, vient d’annoncer qu’il n’octroierait cette année que la moitié des postes demandés par les collectivités, faute de budget.
Pour la Ville de Lyon, nos premières estimations nous laissent à penser à un reste à charge supplémentaire de 250.000€ pour 2024, chiffre qui sera plus élevé d’année en année si la règle austéritaire fixée par l’Etat n’évolue pas d’ici-là.
C’est une attaque sans précédent sur la politique d’insertion professionnelle des jeunes. C’est aussi un révélateur de la logique comptable de ce gouvernement, qui poursuit baisse d’impôts après baisse d’impôts, en toute décontraction, sans jamais vouloir avouer qui en fera les frais. C’est aussi extrêmement cynique à l’heure où le gouvernement affiche l’objectif de retour au plein emploi.
Si les collectivités jouent aujourd’hui le jeu de la « responsabilité sociale de l’employeur », en donnant du temps à des jeunes en apprentissage, et bien demain, dans un contexte financier contraint, elles devront se recentrer sur leurs dépenses obligatoires, c’est-à-dire les seuls agents titulaires, pour assurer la continuité de services publics. Ce n’est pas ça ce que nous voulons à Lyon.
Au sein de cette assemblée, un certain nombre de groupes nous font souvent la morale sur notre masse salariale, ou sur le fait de réviser notre taxe foncière. A force de ne parler que du coût du service public, vous en oubliez progressivement sa valeur, et vous le mettez à mal. Trop de fonctionnaires, trop d’apprentis… Qu’en restera t-il à la fin ?
Cette politique d’apprentissage nous engage. A Lyon, nous prenons nos responsabilités. Nous espérons que les fervents macronistes de cette assemblée sauront prendre les leurs et alerter leurs parlementaires sur le nécessaire financement de l’apprentissage.