Intervention de Nathalie Perrin-Gilbert, Adjointe à la Culture, lors du Conseil Municipal du jeudi 21 mars 2024
L’Orchestre National de Lyon est un magnifique orchestre dont notre Ville, notre Métropole, notre Région, notre pays, peuvent être fiers.
Il est composé de 104 musiciens et musiciennes permanents rémunérés par la Ville de Lyon, puisque –je le rappelle- l’Orchestre National de Lyon est géré en régie directe par notre Ville via un budget annexe.
Je le redis, ces musiciens et musiciennes figurent parmi les meilleurs instrumentistes en France et en Europe.
Et pourtant, la grille de leur rémunération n’avait pas évolué depuis 2006. Je vous laisse calculer la baisse de leur pouvoir d’achat en près de vingt ans, et notamment quand nous traversons des périodes d’inflation.
Très vite en début de mandat, ou du moins dès la crise du Covid passée, c’est-à-dire fin 2021/début 2022, les représentants des musiciennes et musiciens ont souhaité me rencontrer, pour m’expliquer qu’ils étaient les musiciens les moins bien rémunérés en France.
Ils m’ont exprimé leur difficulté à se loger à Lyon, en tout cas pour les musiciens nouveaux venus, m’ont fait observer qu’ils achetaient eux-mêmes les instruments de musique avec lesquels ils jouent au sein de l’orchestre, qu’ils en payaient aussi l’entretien et les réparations éventuelles.
Face à ce sentiment de déclassement manifeste, j’ai demandé à l’administration de l’ONL de me fournir des éléments de comparaison avec des orchestres permanents dans d’autres villes en France, hors Paris.
Cette comparaison, tous éléments de rémunération pris en compte, m’a été rendue et a confirmé que les rémunérations de nos musiciens et musiciennes permanents à l’ONL étaient inférieures de 60 € à 600 € bruts mensuels à celles des autres musiciens, selon l’ancienneté et l’orchestre comparé.
Aussi, en responsabilité, nous avons engagé courant 2023 un temps de dialogue social et de négociations avec l’administration de notre Ville, que je tiens à remercier vivement car elle a été un véritable soutien, l’administration de l’ONL et les représentants des musiciens et musiciennes que je remercie aussi car le dialogue a vraiment été respectueux et constructif.
Et après une année de dialogue organisé et construit, nous avons abouti à un accord très acceptable pour nos musiciens et soutenable pour notre Ville.
Le nouveau référentiel que je vous présente aujourd’hui est donc le fruit de ce dialogue. Il prévoit une augmentation de rémunération comprise entre 8 et 10 % selon la situation ou l’ancienneté des musiciens.
Bien sûr le coût va être supporté par la ville mais nous avons sollicité aussi l’Etat.
Et parce que j’ai bien conscience que l’argent public n’est pas de l’argent facile, j’ai demandé au directeur de l’Auditorium-ONL de regarder où des économies de fonctionnement pouvaient être réalisées parallèlement. Je dois préciser également, et c’est une fierté, que notre orchestre parvient à dégager une marge artistique annuelle dont une partie va aussi contribuer à cette augmentation de rémunération.
Je suis heureuse de cette revalorisation et je vous remercie Monsieur le Maire et Madame la Première Adjointe, de m’avoir entendue, car cette revalorisation envoie un signal : un signal qui consiste à reconnaître le travail permanent de nos musiciens et musiciennes, les temps de concert bien sûr mais aussi les temps incessants de répétitions collectives et de travail individuel.
Un signal qui consiste à reconnaître l’engagement de nos musiciens et musiciennes dans notre ville, et nous avons toutes et tous en tête par exemple le grand concert gratuit donné en plein air au cœur du Parc de la Tête d’or en juin dernier, où 20.000 Lyonnaises et Lyonnais se sont rassemblés en un moment que nous pourrions qualifier de grâce.
Je suis heureuse de cette revalorisation de la rémunération des musiciens et musiciennes car nous devons faire entendre que les orchestres de musique symphonique, ce ne sont pas seulement –et heureusement- quelques grands chefs d’orchestre, quelques grandes stars.
Un orchestre c’est d’abord un ensemble d’hommes et de femmes talentueux, passionnés, qui doivent aussi gérer le trac des grandes soirées de représentation, les problèmes squeletto-musculaires liés à une pratique musicale de haut niveau, qui répètent au quotidien sur leur instrument et à qui on demande de plus en plus de missions éducatives et sociales.
Cette délibération contribue à transformer le regard que nous portons sur nos musiciens et musiciennes ; elle va aussi contribuer, et c’est bien le but, à transformer au quotidien leur vie et celle de leur famille.