Monsieur le Maire, chers collègues
Chaque délibération concernant le bail emphytéotique signé en 2016 entre la société sportive anonyme SASP LOU Rugby et la Ville de Lyon se succèdent et se ressemblent… 15 hectares qui appartenaient aux Lyonnais et qui sont gérés aujourd’hui quasi-exclusivement par la famille d’Olivier Ginon et son entreprise GL Event, géant mondial de l’événementiel…
Pour être des plus pédagogiques et que vous compreniez pourquoi notre groupe est toujours en colère sur ce partenariat public-privé, je me permets de vous narrer l’histoire que l’on pourra raconter à nos enfants ou petits-enfants dans quelques années :
Imaginons le seigneur d’un royaume qui pensant faire des économies décide de confier la gestion de son terrain de joute, la lice et les 15 hectares alentours à l’un de ses fervents Chevaliers Sir Olivier, surnommé aussi «l’ami du roi ».
Pour encourager son Chevalier, notre seigneur décide d’octroyer 40 Millions d’écus prélevés sur les impôts du royaume. Une bien belle somme à l’époque que notre Seigneur justifiait par l’importance des jeux pour le rayonnement du royaume et qu’il fallait bien motiver sir Olivier qui allait débourser 60 M d’écus sur les 60 années à venir et un loyer de 300 000 écus pour entretenir le terrain de jeux et ses alentours…
Par ailleurs, Les deux compères s’étaient également mis d’accord pour que Sir Olivier fasse un peu ce qu’il veut autour du terrain de jeu. En plus d’être chevalier, Sir Olivier et sa famille était des marchands hors pair qui savaient faire de l’argent avec l’argent des autres.
En plus du terrain de jeux il ordonna donc à une de ses filles de créer des bâtisses pour les louer à d’autres marchands : une maison de santé pour les jouteurs qui se blessent, des bains publics, mais pas complétement public, une échoppe pour que son fils vende des objets à l’effigie des jouteurs. Il demanda enfin à son autre fille de dessiner l’auberge que son fils (le vendeur d’objet) se proposait de gérer. Toutes ces transactions sont toujours supervisées avec bienveillance par le frère de Sir Olivier, notaire depuis trois générations…On se demande si la notion de ruissellement n’a pas pris origine dans cette saga familiale.
Avec tout cela, Sir Olivier et sa famille allaient bien vite rembourser leur mise de départ et participer à l’organisation de nouveaux jeux dans de nombreux royaumes où ils vivent très riches et très heureux…
Cette histoire nous continuons à la subir depuis le début du mandat. Je remercie au passage notre élue Nathalie Perrin-Gilbert de nous l’avoir raconté et d’avoir alerté, sans succès malheureusement, les élus de l’époque… Mais elle n’était pas la seule puisque Etienne Tête elu écologiste et isabelle Granjon élue communiste de l’époque nous alertaient sur ce hold-up patrimoniale…
Alors, on nous demande aujourd’hui d’agréer une nouvelle opération financière de la SASP LOU Rugby et de son actionnaire principal GL Event, à savoir la cession partielle des droits réels immobiliers de son Auberge, « the Ruck Hotel » géré par Marc-Antoine Ginon et ce pour la modique somme de 25 millions d’euros…
Nous sommes bien loin du bail de départ qui devait encadrer l’activité économique de la SASP LOU Rugby dont je vous cite un rapide extrait :
Il est en effet considéré par les Parties que constitue une opération d’intérêt général, conformément à l’article L. 1311-2 du Code Général des Collectivités Territoriales :
– la promotion et le développement des activités sportives au sens de l’article L. 100-1 du Code du Sport,
– la préservation des grands monuments de la Ville de Lyon,
– la promotion et le développement du site de Gerland, en tenant compte de toutes les potentialités actuelles et futures du site, pour en améliorer l’exploitation et en optimiser la valorisation.
Quels sont désormais les liens entre le projet d’origine tel qu’il est rappelé dans l’annexe et l’opération immobilière et financière que l’on nous demande d’adopter aujourd’hui ? Pendant combien de temps allons-nous encore fermer les yeux sur la marchandisation d’un espace commun dans l’intérêt de quelques un…. Combien de lyonnais peuvent se payer de magnifiques bureaux à 200 euros du mètre carré ? Combien d’autres peuvent s’offrir une nuit au Ruck Hôtel à 150 euros ?
Vous l’aurez compris les élus de Lyon en commun sont fatigués d’entendre de belles histoires de seigneur et de chevaliers où à la fin les riches restent toujours (plus) riches, (et ce) sur le dos des pauvres. Nous voterons contre cette délibération et ce sera la même chose pour les suivantes concernant ce dossier.
A nous chers collègues de donner une fin à cette histoire lyonnaise !