Tristan DEBRAY, Conseiller municipal délégué à la Ville des enfants, approuve l’attribution d’une subvention à SOS Méditerranée ainsi que l’adhésion à sa plateforme des collectivités.
Lyon porte la solidarité dans son ADN ; la situation des populations vulnérables ou en danger et le respect de la dignité humaine feront toujours partie de ses préoccupations première
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Monsieur le Maire, chers collègues,
Certains États européens continuent à se renvoyer la responsabilité de l’accueil des migrants sauvés en Méditerranée. La politique européenne de restriction des flux migratoires et de fermetures des frontières a transformé cette mer en un véritable cimetière de migrants.
La Ville de Lyon se sent totalement concernée par cette situation, et pas seulement parce qu’elle est reliée à la Méditerranée par le Rhône.
Notre ville porte gravé en elle le sceau de l’humanisme. Elle est une terre d’accueil, une ville ouverte sur le monde. La solidarité est dans son ADN, la situation des populations vulnérables ou en danger et le respect de la dignité humaine, feront toujours partie de ses préoccupations premières.
Oui, c’est bien le tissu associatif lyonnais et son engagement quotidien et inconditionnel auprès des migrants, depuis des décennies, qui font la fierté de Lyon et son rayonnement à l’International, plus que les paillettes ou les cités luxueuses éphémères. Ce sont ces bénévoles, ces travailleurs sociaux, ces militants engagés pour les droits humains qui font la grandeur de notre ville, et non des tours de 200 mètres de haut.
Gandhi pensait que « si tu vois un problème et tu ne fais rien, alors tu fais partie du problème ». Refusons de faire partie du problème méditerranéen en soutenant, avec nos moyens, l’association SOS Méditerranée.
En cinq ans, cette association qui réclame l’application du devoir d’assistance à personne en danger de mort, a pu recueillir à bord de ses navires « l’Aquarius » puis « l’Ocean Viking », plus de 31 799 personnes, dont 7 147 étaient mineures. Cela signifie qu’un quart de ces personnes sont des enfants.
J’ai souhaité vous lire deux courts témoignages.
Le premier est celui de Abdo, 17 ans, originaire du Soudan et recueilli à bord de l’Ocean Viking en Août 2019 : « J’ai passé quatre jours en mer avant d’être secouru. La nuit où nous avons quitté la Lybie, le bateau s’est fissuré. Personne n’a dormi pendant tout ce temps parce que nous avons dû vider l’eau à l’aide d’un bidon de carburant vide. Nous avons manqué d’eau et de nourriture après le premier jour. Un homme est même venu si désespéré qu’il a sauté par-dessus bord. Nous avons dû l’aider à remonter dans le bateau. On avait si peur, on ne pensait plus qu’à la mort : tout le monde était persuadé que nous allions mourir. »
Le second témoignage que j’ai souhaité vous lire est celui de Tanguy, bénévole sur le même bateau : « Dès le début tu sais que t’arriveras pas à sauver tout le monde, “est ce que j’ai la ressource pour sauver untel ou untel, ou est-ce que j’accepte que de toute façon untel va mourir et qu’en déplaçant mes ressources sur un autre endroit je vais en sauver quatre ?”.
Pendant que certains empêchent des êtres humains de pouvoir vivre dignement, mais plus pour longtemps nous l’espérons, d’autres sauvent des vies humaines et souvent au péril de leur propre vie.
Profitons de cette intervention pour saluer la décision du Conseil d’État qui a suspendu, jeudi dernier, le gel de la délivrance de visas de regroupement familial aux conjoints et enfants d’étrangers non européens résidant en France, décidé par le gouvernement en mars 2020 à cause de la crise sanitaire. La haute juridiction administrative a estimé que cette mesure portait « une atteinte disproportionnée au droit à la vie familiale normale et à l’intérêt supérieur de l’enfant ». − (AFP.)
Nous, élus de Lyon en Commun, nous félicitons de cette signature, par la Ville de Lyon, de la « Charte d’adhésion à la plateforme des collectivités solidaires avec SOS Méditerranée », ainsi que de l’attribution de cette subvention pour soutenir les opérations de recherche et de sauvetage en mer du navire « l’Océan Viking ».
Cette délibération réaffirme par ailleurs, plus que jamais, notre attachement au droit international et à son respect à l’intérieur de nos frontières.
C’est donc naturellement, Madame Tomic, Monsieur le Maire, que mes collègues de Lyon en Commun et moi-même voterons favorablement à cette délibération.