Bertrand PINOTEAU, adjoint à la Ville active, salue l’adhésion de la Ville de Lyon à la monnaie locale, la Gonette.
Cette adhésion répond aux ambitions de la majorité municipale : accompagner les acteurs économiques vers la transition écologique et sociale ; promouvoir et faciliter la consommation responsable et locale ; développer l’économie sociale et solidaire, l’économie circulaire et l’entreprenariat social.
Suite à cette adhésion, la Ville s’engage à effectuer en Gonette le paiement d’une partie des indemnités des élus volontaires mais aussi à permettre aux usagers de certains services publics de payer leurs prestations en Gonettes. Cette possibilité sera notamment testée, à compter de janvier 2022 au Musée des Beaux-arts.
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Merci Madame la Maire.
Mes chers collègues, nouvelle délibération relative à notre monnaie locale la Gonette, qui fait suite à celle prise par le conseil municipal de Lyon le 27 mai dernier, et qui pour la première fois entérinait l’adhésion de la Ville de Lyon à l’association La Gonette. Pour mémoire, l’avis des arrondissements n’avait pas été sollicité pour cette délibération de mai, aussi je me permets de revenir brièvement sur cette première étape passée.
Au-delà du soutien financier que représente l’adhésion de la Ville de Lyon, ainsi pour la première fois également, que celle de la Ville de Villeurbanne, et celle de la Métropole, c’est bien le soutien moral des collectivités qu’il faut lire à travers cette première étape.
Rappelons au passage que le premier arrondissement avait été, sur le mandat précédent, et comme souvent, précurseur en la matière, en adhérant symboliquement à l’association dès 2018.
Cette adhésion s’inscrit parfaitement dans la triple ambition de notre majorité :
– Accompagner l’ensemble des acteurs économiques vers la transition écologique et sociale,
– Promouvoir et faciliter la consommation responsable et locale,
– Développer l’économie sociale et solidaire, l’économie circulaire, l’entreprenariat social.
Vous connaissez les principes de fonctionnement d’une monnaie locale, je ne refais pas tout le topo – je rappelle simplement qu’il s’agit juridiquement d’un titre de paiement (sur le même principe qu’un ticket-restaurant par exemple, c’est-à-dire non remboursable pour les particuliers) et que la Gonette est ni plus ni moins que l’équivalent d’un euro qu’on ne peut dépenser que localement. Je le dis pour nos amis commerçants, pas besoin de comptabilité en Gonettes ou de complication fiscale, rien de plus qu’une simple gestion séparée, de la même façon que pour des chèques vacances ou tickets restaurant.
En circulant uniquement dans la zone d’emploi de Lyon, la Gonette est un outil de relocalisation de l’économie, de défense du commerce de proximité, de renforcement de l’emploi local et du lien social,
de protection de l’environnement, et d’éducation populaire.
Et il faut bien avoir en tête que chaque euro converti en gonette agit doublement :
– les gonettes remise à l’adhérent en échange de ses euros seront obligatoirement dépensées dans un réseau de commerces, d’entreprises et d’associations du territoire, générant un chiffre d’affaires local qui soutiendra l’économie et l’emploi,
– ET l’euro reçu par l’association La Gonette MLC en échange de cette Gonette est placé dans un fonds de réserve, qui se trouve sur un livret ou un compte de la Nef ou du Crédit coopératif, pour être réinvestit dans des projets de l’Économie Sociale et Solidaire, et la Nef s’est même engagée à doubler elle-même ce montant.
La gonette est enfin un outil de changement des pratiques vers une économie solidaire, un développement durable, les commerces, entreprises et associations du réseau s’engageant à relever des défis simples pour la relocalisation de leurs achats, l’environnement, le social…
Et, dimension éminemment politique, les monnaies locales luttent, à leur échelle, contre les errements du système monétaire. Parce qu’un choix monétaire est éminemment un choix de société et que la monnaie n’est pas uniquement un moyen d’échange, une unité de compte ou encore une réserve de valeur.
Notre système monétaire fait que la monnaie est essentiellement créée par crédit bancaire. Les emprunteurs doivent donc pour les rembourser générer un surplus, ce qui implique à l’échelle de la société, une croissance sans fin afin de payer les intérêts de dettes. Dans un monde aux ressources finies, ça ne semble pas un principe à suivre…
L’avantage de la Gonette ? Elle ne part pas de la dette. Il s’agit d’une monnaie marchande qui est faite uniquement pour être en circulation. Comme elle ne rapporte pas d’intérêt, elle est justement idéale pour encourager les échanges, la consommation. Contrairement à l’Euro, les utilisateurs de Gonettes n’ont aucun intérêt à thésauriser et sont donc encouragés à la faire circuler, ce qui tout simplement créée la richesse.
Une autre limite de notre système actuel est que la production de monnaie est contrôlée par un nombre restreint d’acteurs. Or, notre système monétaire et bancaire repose sur un système de flux financiers complexes, une très forte financiarisation et une grande interdépendance entre les banques.
L’avantage de la Gonette ? Elle est contrôlée démocratiquement par tous les adhérents. 1 adhérent = 1 voix. Alors que l’Euro peut être perdu sur les marchés financiers ou dans un paradis fiscal, la Gonette ne peut pas sortir du territoire lyonnais. La Gonette permet de maintenir l’argent au sein de l’économie réelle et locale. La Gonette s’inscrit dans un réseau vertueux de partenaires qui se recommandent mutuellement créant ainsi un terreau favorable à la création de nouveaux liens sociaux et économiques.
Mais ce n’est pas tout, car la Gonette est un aussi outil au service de la transition écologique : dans la dernière évaluation réalisée par le Mouvement SOL (qui regroupe une trentaine de monnaies locales en France), 84 % des professionnels adhérents à une monnaie locale complémentaire interrogés confirmaient avoir adopté de nouvelles méthodes de travail pour réduire leur impact environnemental.
Enfin, depuis le 1er confinement en mars 2020, les partenaires de la Gonette peuvent bénéficier d’un prêt à taux zéro, à hauteur de 1 500 gonettes par structure en cas de difficulté économique. Au total et à la hauteur de ses moyens, La Gonette met à disposition 30 000 gonettes en apport de trésorerie pour son réseau de partenaires.
Bien. Alors c’était en effet essentiel pour notre collectivité d’apporter son soutien à l’association la Gonette pour son développement au service des habitants.
Et il faut désormais passer aux travaux pratiques si je puis dire, et c’est l’objet de la délibération proposée aujourd’hui, j’y viens, j’y viens.
Ce que j’appelle les travaux pratiques va consister dans un premier temps en deux actions principales, dont la mise en œuvre est définie par une convention annexée à la délibération, dans laquelle la Ville s’engage :
1/ à effectuer en Gonette le paiement d’une partie des indemnités des élus volontaires, ce qui sera possible dès après le vote de la délibération en conseil municipal – chers collègues indemnisés, j’espère que votre mandat est déjà signé !
2/ à permettre aux usagers de certains services publics de payer leurs prestations en Gonettes ; cette possibilité sera dans un premier temps testée dans cinq régies de recette pilotes de la Ville avant d’être généralisée dans d’autres régies ; l’expérimentation commencera dès janvier 2022, et dans le 1er le Musée des beaux-arts fera partie des 4 premiers établissements à lancer l’expérimentation (avec le musée d’art contemporain, les Archives et Gadagne).
J’espère que ce déploiement pourra se dérouler rapidement sur le reste du mandat, dans la mesure où nous le savons bien, l’implication des collectivités locales est essentielle pour l’implantation durable des monnaies locales, comme on a pu le voir par exemple au Pays Basque avec l’Eusko ou à Grenoble avec le Cairn.
Je vous propose avec enthousiasme, vous l’aurez compris, de donner un avis très favorable à cette délibération.