David SOUVESTRE, conseiller municipal et co-président de Lyon en Commun, revient sur les raisons qui ont amené à une baisse des effectifs scolaires, engendrant la fermeture de l’école Lévy Strauss. C’est une victime collatérale de la flambée des prix au mètre carré dans notre ville. La crise Covid19 et le confinement sont venus aggraver la perte de population en centre-ville. L’école Lévi-Strauss a fait depuis plusieurs années l’objet d’un sabotage en règle par l’ancienne majorité. Mais la fermeture d’une école publique n’est pas un acte anodin. Lorsqu’une école ferme elle ne rouvre pas. Retenons les leçons de l’histoire et gardons bien en mémoire les conséquences, sur le quartier, de la fermeture de l’école primaire d’Ainay dans le 2e arrondissement. Face à la statistique des effectifs scolaires, le groupe Lyon en Commun estime que les enjeux d’aménagement urbain et de bien-être des habitant·e·s n’ont pas eu la place qu’ils méritaient dans le débat.
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Merci Monsieur le Maire,
Madame l’Adjointe au Maire,
Cher.e.s collègues,
La fermeture d’une école publique n’est jamais un acte anodin, d’autant plus en ces temps où nous ne cessons de rappeler combien l’éducation est une des priorités pour lutter contre toutes les formes d’ignorance et d’obscurantisme.
L’école est un des piliers essentiels à notre pacte républicain.
Nous mesurons, Madame l’Adjointe au Maire, les difficultés que vous avez pu rencontrer en prenant vos fonctions de déléguée à l’Éducation.
Notre majorité hérite en effet d’un très lourd passé et nous partageons, Madame l’Adjointe, les mêmes constats.
1er CONSTAT
L’école Lévi-Strauss est une victime collatérale de la flambée des prix au mètre carré dans notre ville, depuis des années, en particulier dans les quartiers centraux.
Cette flambée contraint les familles à vivre dans des appartements de petite superficie ou les chasse en périphérie de la métropole.
Nathalie PERRIN-GILBERT, lors de la précédente mandature, n’a cessé d’alerter l’exécutif mené par Gérard Collomb sur ce phénomène.
Elle a proposé aussi, demandant au Maire de Lyon de l’époque, que le 1er arrondissement soit une zone test pour l’encadrement des loyers et pour le contrôle des AirBnB.
Alertes et propositions restées lettre morte.
Dans la même logique, Nathalie PERRIN-GILBERT et Laurence BOFFET, élue du 1er arrondissement, et aujourd’hui Vice-présidente de notre Métropole, se sont opposées, avec persévérance et constance, à la politique urbaine de gentrification et de sape de la mixité sociale, à l’échelle de l’arrondissement.
Ces luttes politiques, menées contre vents et marées, ont connu des succès.
L’ex-école des Beaux-Arts n’a pas été transformée en logements de luxe, le collège Truffaut vendu à la promotion immobilière, les Halles de la Martinière sont restées ouvertes à la vie de quartier et la parcelle du Bon pasteur n’a pas été bétonnée.
Si ces victoires sont importantes pour la vie des lyonnaises et des lyonnais, dans le 1er arrondissement, elles n’ont évidemment pas pu, à elles seules, contrebalancer les dégâts de la politique de la municipalité précédente.
2e CONSTAT
La crise Covid19 et le confinement sont venus aggraver la perte de population en centre-ville, sur le 1er comme sur le 2e arrondissement d’ailleurs.
Aussi au printemps 2020, un certain nombre de familles, mesurant le manque d’espace extérieur et de nature en ville, ont fait le choix de quitter la Presqu’Ile.
Nous pouvons donc affirmer que la crise de la Covid 19 a été un accélérateur de l’exode qui touche notamment la Presqu’Ile depuis plusieurs années.
L’école Lévi Strauss est donc une victime collatérale d’années de construction, d’une ville toujours plus minérale, avec des ilôts de chaleur, de véritables étouffoirs
3e CONSTAT
L’école Lévi-Strauss a fait depuis plusieurs années l’objet d’un sabotage en règle par l’ancienne majorité.
D’abord, la fermeture de l’école élémentaire en 2016, sur des motifs spécieux qui n’avaient rien à voir avec une baisse des effectifs scolaires.
Puis, le changement unilatéral et sans concertation du périmètre scolaire.
Ensuite, l’absence de communication de la Ville, au printemps 2019, sur le maintien de l’école maternelle Lévi-Strauss et la réorientation automatique des parents d’élèves vers d’autres écoles, lors de la pré-inscription informatique de leurs enfants.
De fait, l’école a alors perdu plusieurs nouvelles inscriptions.
Cette stratégie municipale fût d’une très grande malhonnêteté que nous avons dénoncée et combattue avec force et conviction.
C’est d’ailleurs un comble, qu’aujourd’hui, des membres de l’ancien exécutif, qui avaient à l’époque mis tout en œuvre pour fermer cette école, avec des arguments fallacieux, et votant bien-sûr pour la fermeture de l’école dans cette assemblée, s’érigent aujourd’hui en donneurs de leçons et de défenseurs du service public.
Alors qu’ils devraient faire amende honorable, les principaux responsables de cette situation, essayent aujourd’hui de se racheter une virginité.
Heureusement, le ridicule ne tue pas ! Il faut s’en méfier toutefois.
Pour sa part, notre groupe Lyon en Commun, estime que les familles du 1er arrondissement n’ont déjà que trop payé le lourd tribut des politiques précédentes, cyniques, court-termistes et dépourvues de toute vision.
4e CONSTAT
Bien entendu, Madame l’Adjointe, nous partageons avec vous le constat de l’évolution démographique du 1er, dont nous connaissons toutes et tous les causes et contre lesquelles nous entendons lutter ensemble.
L’argument de la baisse des effectifs est factuel.
Mais si les faits sont têtus, ils ne doivent pas prévaloir quand il s’agit de sauver une école publique.
Concernant le projet de délibération qui nous est présenté ce jour, permettez-moi de souligner un point avec lequel nous ne pouvons être en accord.
Pour la prochaine rentrée scolaire, les enfants seront réorientés vers trois écoles dites de « proximité » : Michel Servet, Robert Doisneau et Lamartine.
Alors Oui ! Sous mappy, googlemaps, les écoles sont à proximité !
Mais si nous appréhendons les distances « à hauteur d’enfant », il faut se représenter que les trajets entre maison et école prendront de 20 à 40 minutes pour les anciens élèves de Levi Strauss.
Face à la logique arithmétique du Rectorat, qui ne s’embarrasse pas de ce type considération, il nous appartient, à nous, élu·e·s, d’être à l’écoute du bien-être des enfants de nos quartiers !
Et nous pensons que la véritable école de proximité, dans ce quartier, est Levi Strauss.
Dès octobre 2020, Lyon en commun a émis plusieurs propositions, lorsque le cas de l’école Lévi Strauss a été présenté en mairie du 1er, alors que nous ne connaissions pas encore, à l’époque, les évolutions des effectifs scolaires.
Des propositions d’expérimentations autour d’accueil des enfants de 2 ans, ou d’enfants connaissant des difficultés d’adaptation et d’apprentissage. Des expérimentations qui auraient pu être utiles à des familles venant de plusieurs arrondissements de notre ville, nous n’en demandions pas l’exclusivité pour le 1er arrondissement.
Nous avons aussi proposé une large concertation avec toutes les parties prenantes : parents, enseignants, personnels de la ville, élus des deux arrondissements concernés, éducation nationale, fédérations de parents d’élèves, conseil de quartier Bas des pentes / Presqu’île, le comité d’intérêt local Presqu’île et les associations de commerçants.
Nous avons enfin émis le vœu d’un moratoire sur le projet de fermeture de cette école, le temps que les effets positifs de nos politiques éducatives et urbaines se fassent ressentir.
Si nous pouvons comprendre que la situation était délicate pour notre exécutif, nous ne pouvons, pour notre part, adopter la position du renoncement et accepter les arguments sans âme de l’Education Nationale.
Ce n’est pas dans l’ADN de Lyon en Commun !
Nous voulons d’autre part, insister sur le caractère irrévocable de la suppression de cette école.
Nous le savons bien, l’histoire nous le prouve, lorsqu’une école ferme, elle ne rouvre jamais.
Retenons les leçons de l’histoire et gardons bien en mémoire les conséquences, sur le quartier, de la fermeture de l’école primaire d’Ainay dans le 2e arrondissement.
Nous pensons que la fermeture de l’école Levi Strauss, aura les mêmes conséquences, et viendra encore renforcer ce phénomène de désertification de cette partie de la presqu’île.
Elle aura des conséquences, à terme, sur l’installation de nouvelles familles, notamment à revenus modestes, sur la pérennisation du commerce de proximité, sur la vie de quartier en général !
Quelle que soit la physionomie d’un territoire, l’école permet de tisser des liens entre habitants et de favoriser la cohésion sociale.
Alors mes cher.e.s collègues, face à la froide statistique des effectifs scolaires, notre groupe estime que les enjeux d’aménagement urbain et de bien-être des habitantes, des habitants et des enfants, n’ont pas eu la place qu’ils méritaient dans le débat.
C’est pourquoi, les élu·e·s de Lyon en Commun voteront contre cette fermeture de l’école Lévi Strauss.