Il faut mener des actions de fonds pour lutter durablement contre la précarité étudiante

Mathieu AZCUE, adjoint au Logement, sobriété énergétique et vie étudiante, s’exprime sur la situation des étudiant·e·s.

Aujourd’hui, avec la pandémie, les étudiant·e·s vivent reclus, derrière un écran, devant se rendre à la banque alimentaire, faute de revenus.

Mais face à ce constat, l’ensemble des acteurs (universités, associations, collectivités…) est mobilisé. La solidarité s’organise.

Reste que des actions de fonds doivent être menées pour lutter durablement contre la précarité étudiante.

Les élu·e·s Lyon en Commun en appellent aux pouvoirs publics, qui semblent ne rien vouloir voir…

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Merci monsieur le Maire, chers collègues,

Mon propos liminaire à ce conseil portera sur la situation des étudiants, mais au préalable, je souhaitais dire un mot du contexte global duquel participe la précarité étudiante.
Voici désormais une année que nous vivons sous le régime pandémique. Nous sommes toutes et tous affectés, des proches qui sont décédés, des amis restaurateurs ou petits commerçants  qui n’ont plus d’activités depuis de longs mois ou qui ont déjà fait faillite, des professionnels de santé épuisés par une activité hospitalière d’une extrême intensité.

Nous sommes toutes et tous affectés par cette crise, mais de manière protéiforme, car la crise COVID a révélé et amplifié les fragilités de nos sociétés. Des fragilités structurelles, des fragilités sociales.

Des fragilités structurelles liées à la destruction méthodique des services publics et en particulier le service public de la santé depuis 1995. Nous avons été sidérés de découvrir que le pays n’était plus en mesure de produire des médicaments, des masques. Qui aurait dit que le pays de Pasteur aurait été incapable de produire un vaccin il y a 20 ans ?

Des fragilités sociales liées à l’augmentation progressive des inégalités depuis les années 80 . La pandémie ne fait qu’accélérer ce phénomène. Bientôt 10 millions de pauvres, 3 millions d’enfants vivent dans une situation de pauvreté selon l’UNICEF. Nous atteignons bientôt les 6 millions de chômeurs. La pauvreté, c’est  une matérialité crue : le mal logement en premier lieu, 12 millions de Français sont en difficulté pour garder leur logement, la moitié survivent dans des passoires thermiques.
Être pauvre, c’est se chauffer ou faire manger ses enfants.
Être pauvre c’est ne pas pouvoir payer ses factures.
Être pauvre, c’est subir des coupures d’accès aux réseaux essentiels, l’électricité, l’eau.

À la pauvreté économique, s’ajoutent les injustices environnementales et les problèmes de santé. La COVID a révélé tristement que plus vous êtes pauvre et plus vous tombez malade gravement. Rappelons que dans notre arrondissement, le taux de maladies de longue durée pour diabète, hypertension, obésité, c’est-à-dire toutes les complications qui rendent la COVID mortelle, est de 14 %, le taux le plus haut des arrondissements de Lyon.
Inégalités sociales, injustices environnementales. Mêmes causes, mêmes conséquences. 0,1 % de la population, 300 000 foyers fiscaux, ont capté 40 % de la richesse produite en 2019 et sont ceux qui polluent le plus. Plus que jamais le partage des richesses est une urgence structurelle.

C’est dans ce contexte qu’émerge la précarité étudiante en tant que problème public depuis l’automne dernier. Pourtant en 2019, le monde d’avant, 20 % des étudiants vivaient sous le seuil de pauvreté, un sur quatre était obligé de travailler en marge de sa scolarité pour se loger, se nourrir, se soigner. Le fait d’exercer un job étudiant majorait déjà l’échec à l’université en particulier dans le premier cycle. Déjà à la fin des années 2000, une enquête sociologique annonçait que plus de 40 000 étudiants, en majorité des jeunes filles, se prostituaient. Ce que nous a révélé la pandémie, c‘est ce que nous cachions sous le tapis et qui est insupportable. Avoir 20 ans et aller dans une banque alimentaire. Avoir 20 ans et aucune vie sociale, reclus derrière un écran dans un logement souvent indécent. Dans l’arrondissement, des étudiants ont vécu le premier confinement avec des blattes, des cafards et des punaises de lit sans qu’il n’y ait semble-t-il aucune intervention pendant 2 mois.

Face à ce constat, l’ensemble des acteurs est mobilisé, pour que la situation s’améliore.
En matière de santé, les institutions universitaires font leur part en augmentant le nombre de consultations en santé mentale mais également en santé génésique, en particulier en gynécologie obstétrique. La Ville de Lyon via les centres sociaux, a mis en place des lieux d’écoute dans plusieurs arrondissements notamment dans le 8e, à Langlet-Santy.
En matière d’aide alimentaire, nous avons été pionniers en organisant – avec l’association étudiante Gaelis et l’association Farid Ouhlala – la première collecte alimentaire en direction des étudiants. C’est pour moi l’opportunité de remercier chaleureusement les personnels de la mairie d’arrondissement, les bénévoles, les élus qui ont permis que cette collecte soit une réussite au bénéfice des étudiants. Notre initiative a été par ailleurs reprise dans le 9e arrondissement, dans les 1er et 4e arrondissements.
En matière de culture, les bibliothèques et les acteurs culturels prennent le relai et organisent des actions spécifiques. Comme toujours la culture est une respiration.
En somme, partout la solidarité s’organise. Et notre arrondissement qui compte nombre d’étudiants et de logements étudiants, n’est pas en reste. Avec votre soutien monsieur le Maire, je travaille à l’heure actuelle avec Chloé Vidal en mairie centrale – et l’ensemble des adjoints à la vie étudiante dans les arrondissements – à trouver des solutions au plus près des besoins.

Restent des actions de fond au niveau régional et national, et là, le groupe Lyon en Commun en appelle aux pouvoirs publics. Revenu de solidarité pour tous les jeunes, accès à du logement étudiant de qualité, accompagnement spécifique en matière de santé et lutte contre la prostitution étudiante. Pour le moment , l’État est aux abonnés absents et la majorité macroniste préfère regarder ailleurs : ici un débat sur la mollesse de l’extrême droite, là la chasse à la liberté de la Recherche  en s’appuyant solidement sur des concepts venant de l’extrême droite.

Chers habitants du 8e arrondissement, sachez que nous sommes tournés vers l’action et le soutien aux étudiants et à toute la communauté éducative. Restons solidaires et fraternels.