Pour une ville hospitalière

David SOUVESTRE, Conseiller municipal et co-président de Lyon en Commun, plaide en faveur d’une ville hospitalière, avec un projet global d’accueil et d’accompagnement des réfugiés, des migrants et des mineurs isolés, à l’occasion de l’adhésion de la Ville à l’Association Nationale des Villes et Territoires Accueillants (ANVITA).
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Monsieur le Maire, Chers collègues,

Les urgences géopolitiques et climatiques, la résurgence de conflits d’une grande violence ont généré ces dernières années des migrations d’une forme nouvelle inédite, qui placent l’Europe et la France devant un défi considérable.

Les populations qui s’y engagent le font au péril de leur vie. Ainsi, en 2020, plus de 20 000 personnes sont décédées en Méditerranée, véritable couloir de la mort pour les migrants et les réfugiés.

Alors, pourquoi ce chiffre macabre au début de mon intervention ? Au-delà de donner, à la veille de la Journée internationale des Migrants, une lisibilité indispensable à une situation trop souvent réduite à des faits divers, ce chiffre permet d’illustrer un point saillant de la Charte de l’Association nationale des Villes et Territoires accueillants.

L’Europe et plus particulièrement la France ne sont toujours pas à la hauteur des enjeux et bien au contraire. Les discours des gouvernements français successifs relaient la thèse erronée d’une vague migratoire massive que seul un traitement uniquement sécuritaire, répressif et dissuasif permettrait de résorber.

C’est dans ce contexte que Nathalie PERRIN-GILBERT a initié avec d’autres élus de collectivités territoriales l’Association nationale des Villes et des Territoires accueillants, dont l’Assemblée générale constitutive se déroulait à Lyon le 26 septembre 2018.

Cette coalition interpelle les politiques nationales technocratiques et sécuritaires, qui mettent à mal l’exigence de fraternité envers des personnes dont le parcours migratoire est un traumatisme considérable.
Alors, certes, la politique de l’immigration est éminemment régalienne. Cependant le législateur, en tout cas dans notre démocratie et fort heureusement, ne dispose pas d’une entière liberté de manœuvre. Les pouvoirs locaux que nous représentons peuvent être ainsi des remparts.

En rejoignant ainsi l’Association nationale des Villes et des Territoires accueillants, nous voulons promouvoir une autre approche, une approche humaniste, une approche universaliste, une approche plus en phase avec les valeurs fondamentales de notre République.

Je songe bien évidemment à l’hospitalité qu’il conviendrait d’ériger au rang de droit fondamental et qui doit guider notre action publique.
Cette hospitalité, chère au groupe Lyon en Commun, doit être inconditionnelle, c’est-à-dire sans préjuger de la situation administrative des individus.

Comme l’a rappelé à l’instant ma collègue Sandrine RUNEL, l’échelon communal constitue l’espace des premières solidarités. Nous disposons de compétences réelles dans de nombreux secteurs, qui permettent aux plus vulnérables d’accéder à leurs droits fondamentaux.
Nous l’avons encore vu dernièrement avec la gestion et le suivi du relogement des habitants du collège Maurice Scève. Je tiens à saluer l’intervention volontariste de la Ville de Lyon, de ses agents et des élus et plus particulièrement de Sandrine RUNEL. Je tiens aussi à saluer les associations et collectifs, comme le collectif Maurice Scève qui œuvre au quotidien pour assister ces populations fragiles.

La Ville de Lyon peut se féliciter d’être accompagnée par un réseau associatif dense et dynamique qui nous sert d’aiguillon et que nous devons soutenir.

Monsieur le Maire, mes chers collègues, cette adhésion est le témoignage de notre détermination à agir en faveur de l’accueil inconditionnel des personnes, une détermination empreinte de beaucoup d’humilité.
Cette adhésion marque un réel et profond changement de paradigme de la politique d’accueil et qui va redonner fierté à notre Ville.
Cette adhésion enthousiaste marque le début d’un travail de longue haleine. Aujourd’hui nous devons nous atteler à construire un projet global d’accueil et d’accompagnement des réfugiés, des migrants et des mineurs isolés pour relever le défi que nous nous sommes collectivement fixés pour Lyon, faire de notre ville une ville inclusive.

En cela, nous devons suivre l’œuvre de Jean COSTIL, qui vient juste de nous quitter et auquel je souhaite rendre un hommage au nom des élus de Lyon en Commun.
Cette figure acteur de la Marche pour l’Égalité et contre le Racisme de 1983, délégué national de la CIMADE, a placé notre ville aux avant-postes de la lutte pour les droits des migrants et fortement contribué à faire de Lyon une capitale de l’humanisme.